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Pluribus : Carol Sturka, l’anti-héroïne lesbienne dont l’Amérique avait besoin

Catégorie : Actualités

Pluribus Carol Sturka Lanti Heroine Lesbienne Dont Lamerique Avait Besoin

Pluribus, c'est quoi ? C'est la nouvelle série de science-fiction d’Apple TV créée par Vince Gilligan (Breaking Bad, Better Call Saul), qui place enfin une femme lesbienne au centre d’un récit de prestige. Avec Carol Sturka, écrivaine misanthrope et survivante d’un monde devenu une conscience collective, la série explore la colère, le deuil, l’identité lesbienne et la résistance à la conformité. Une héroïne imparfaite, radicale, et profondément nécessaire.

Sommaire

1. Une série de science-fiction portée par une héroïne lesbienne

Depuis plus de quinze ans, la télévision dite « de prestige » a multiplié les anti-héros masculins complexes, brillamment écrits, mais rarement destinés à un public lesbien. Avec Pluribus, Vince Gilligan renverse enfin cette dynamique en confiant le cœur de son récit à Carol Sturka, une femme lesbienne, alcoolique, désabusée et profondément humaine.

La série débute dans un monde frappé par un phénomène mystérieux : une technologie d’origine extraterrestre transforme presque toute l’humanité en une entité unique, un esprit collectif optimiste, pacifié, parfaitement coordonné. Carol fait partie d’une poignée de personnes immunisées. Tandis que le monde entier fusionne, elle reste seule, intacte, irréductible.

2. Carol Sturka : une anti-héroïne lesbienne sans concession

Carol n’est pas aimable. Elle est sèche, sarcastique, condescendante, parfois cruelle. Elle méprise les romans hétérosexuels de romantasy qui l’ont rendue célèbre, se dispute constamment avec sa compagne et ne cache jamais son ennui face au monde. Et lorsque l’humanité devient une ruche parfaitement harmonieuse, sa colère est si brute qu’elle provoque littéralement la mort de milliers de personnes.

Et c’est précisément pour cela qu’elle fonctionne.

Les lesbiennes aiment les personnages moralement ambigus, les femmes toxiques, les héroïnes qui ne cherchent pas à être aimées. Ce type de figure, que l’on retrouve aussi dans certaines dark romances lesbiennes. Ces intrigues reposent sur la tension psychologique, le pouvoir et la transgression plutôt que sur la rédemption. Carol s’inscrit dans cette lignée : une femme qui refuse la douceur obligatoire, la résilience performative, la réconciliation forcée.

3. Une fable politique sur la conformité et l’effacement des identités

Sous son vernis de science-fiction, Pluribus déploie un discours profondément politique. Le monde post-virus est débarrassé de la violence, du crime, de la haine. Tout le monde est heureux. Tout le monde pense pareil. Tout le monde agit pour le « bien commun ».

Mais à quel prix ?

La série interroge frontalement ce que signifie vivre sans colère, sans désir, sans singularité. Carol incarne une résistance instinctive à cette utopie lisse. Sa rage, son chagrin, son refus d’obéir perturbent l’ordre collectif, comme si l’émotion humaine elle-même était devenue un bug du système.

Difficile de ne pas y lire une critique contemporaine de la normalisation technologique, de la surveillance, de l’obsession pour l’efficacité et de l’érosion des individualités, une lecture qui donne à Pluribus une résonance troublante avec notre époque.

4. Le deuil lesbien comme moteur narratif

Si Carol rejette le nouveau monde, ce n’est pas seulement par principe. C’est aussi parce qu’elle a perdu la seule personne qu’elle aimait réellement : Helen, sa femme, morte lors de la transformation collective. Là où d’autres survivants acceptent la nouvelle réalité sans état d’âme, Carol reste figée dans un deuil que la ruche ne peut ni comprendre ni absorber.

Sa douleur est intime, incarnée, profondément lesbienne. Elle ne veut pas d’un monde sans violence si ce monde implique l’effacement de celle qu’elle aimait, de leur histoire, de leur singularité. Son refus n’est pas héroïque au sens classique ; il est viscéral.

5. Une héroïne lesbienne face à un monde sans sexualité

Dans un monde où tous partagent la même conscience, plus personne n’a de genre, plus personne n’a de sexualité. Carol devient, symboliquement, la dernière lesbienne vivante. Une survivante d’un désir que la société a absorbé, neutralisé, rendu inutile.

La série pousse alors une question vertigineuse : que devient l’amour queer dans un monde sans altérité ? Que vaut une relation lorsque l’autre n’est plus vraiment un autre ?

Pluribus n’apporte pas de réponse simple. Elle observe. Elle confronte. Elle dérange.

6. Une nouvelle ère pour les héroïnes lesbiennes complexes ?

Carol Sturka n’est pas la première héroïne lesbienne imparfaite à l’écran, mais elle est peut-être la plus emblématique à ce jour dans une série de science-fiction grand public. Le fait qu’un showrunner aussi influent que Vince Gilligan place une femme lesbienne au centre d’un récit aussi ambitieux pourrait marquer un tournant.

Après des décennies dominées par des anti-héros masculins, Pluribus ouvre la voie à une autre forme de narration : plus queer, plus abrasive, plus honnête.

Et oui, il fallait bien une lesbienne pour refuser de sauver le monde tel qu’on le lui impose.

Dans un monde où tout le monde pense pareil, Carol Sturka rappelle une vérité dérangeante : la colère, le désir et la dissidence sont parfois les dernières preuves d’humanité, et il fallait bien une lesbienne pour refuser de les sacrifier.

7. La bande annonce et où regarder ?

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