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Soumission de romans lesbiens et manuscrit en français : notre position sur l’usage de l’IA

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Soumission De Romans Lesbiens Et Manuscrit En Francais Notre Position Sur Lusage De Lia

Depuis plusieurs années, le monde de l’édition assiste à une transformation rapide des pratiques d’écriture. Les intelligences artificielles génératives se sont imposées dans le quotidien de nombreux auteurs, autrices et éditeurs, modifiant la façon dont les textes naissent, se structurent et circulent.

Parce que cette évolution bouleverse nos métiers et interroge la notion même de création, il nous semble essentiel de clarifier la position de  Homoromance Éditions.

Vous trouverez la version synthétique de cet article sur notre post facebook ici.

1. Les constats : une recrudescence de manuscrits générés par IA

Depuis plusieurs mois - voire plus d'un an en réalité - notre comité de lecture reçoit un nombre croissant de manuscrits entièrement rédigés par intelligence artificielle.
Ces textes, souvent bien structurés, peuvent sembler « corrects » à première lecture : syntaxe fluide, vocabulaire riche, narration cohérente, champs lexicaux de qualité, etc... Pourtant, ils manquent d’une chose essentielle à ces textes : une âme.

Nous avons ainsi observé une homogénéisation inquiétante des styles : des phrases stéréotypées, des métaphores recyclées, des tournures prévisibles, et surtout, une absence de souffle, d’intention et pire encore : d’émotions véritables.

Un texte généré par IA se lit bien trop souvent comme un miroir poli : il est impeccable en surface, mais sans profondeur réelle.

C’est pourquoi Homoromance Éditions ne souhaite pas publier d’œuvres entièrement produites par ces outils. La génération totale ou quasi totale d’un manuscrit par IA ne correspond pas à nos critères éditoriaux, fondés sur la recherche de voix singulières, de récits incarnés et d’expériences humaines.

2. L’IA : un outil, pas un auteur

Nous tenons à le préciser clairement : notre position n’est pas technophobe.

Nous reconnaissons que l’intelligence artificielle peut être un outil d’assistance : pour corriger une syntaxe, reformuler une phrase, débloquer une idée ou même créer un visuel de couverture. Nous utilisons nous-mêmes l'IA pour générer des visuels qui seront en parfaites adéquations avec les attentes de nos autrices et auteurs. Mais cet usage est limité et toutes les images sont toujours retravaillées sur photoshop. Ici, l'IA est un prolongement créatif du travail humain.

Mais un outil reste un outil. Il ne crée pas, il exécute.

Là où un auteur fait des choix, doute, s’interroge, hésite, recommence, l’IA calcule des probabilités. Là où une autrice cherche le mot juste pour exprimer une nuance de sentiment, une hésitation, une fragilité, l’IA génère un mot plausible.

L’écriture littéraire ne consiste pas à produire du texte ; elle consiste à donner forme à une expérience vécue ou imaginée. Elle repose sur la subjectivité, la mémoire, la sensibilité et l’émotion : des éléments que l’IA ne possède pas.

C’est pourquoi, si l’IA peut assister la création, elle ne peut en aucun cas l’incarner.

3. La spécificité d’une œuvre littéraire : la voix

Une œuvre littéraire ne se définit pas seulement par sa qualité technique ou sa fluidité, mais par l’empreinte unique de son auteur.
C’est une voix, une patte artistique (d'autres diront une signature) mais c'est aussi une manière d’habiter la langue.
Deux autrices peuvent raconter la même histoire d’amour et ce qui les distingue, c’est la façon dont elles la regardent, la ressentent, la traduisent.

Une œuvre authentique porte en elle une singularité : un rythme, une respiration, un regard sur le monde. Elle révèle la personnalité de celle qui l’écrit, ses forces, ses failles, ses obsessions parfois. Là réside toute la beauté de la littérature : dans cette tension entre la forme et l’âme.

Une IA, aussi performante soit-elle, ne fait qu’imiter cette singularité à partir de modèles préexistants. Elle ne crée pas ; elle recompose.
Elle n’exprime pas ; elle reproduit.
Et c’est précisément ce que nous refusons de voir s’installer dans la création littéraire.

4. Ce que nous observons au sein du comité de lecture

Tous les manuscrits soumis à Homoromance Éditions sont lus anonymement par plusieurs membres de notre comité.
Cette méthode garantit un traitement impartial, fondé sur la qualité littéraire et non sur la notoriété de l’auteur.

Mais depuis quelques temps, nos lectrices repèrent de plus en plus de textes générés par IA, grâce à des signes récurrents :

  • des schémas narratifs identiques d’un manuscrit à l’autre ;
  • des phrases génériques sans ancrage émotionnel ;
  • des dialogues artificiels ;
  • un ton uniforme et sans relief.

Le paradoxe est saisissant : ces textes cherchent à plaire à tout le monde, et finissent par ne ressembler à personne.
Or, la puissance d’une plume, c’est justement quand un lecteur reconnaît une écriture avant même de lire le nom sur la couverture. De la même façon, certaines couvertures sont identiables et reconnaissables au genre de l'auteur ou encore de la maison d'édition.

Nous avons tous déjà eu cette expérience : ouvrir un livre et, en quelques lignes, savoir à qui l’on a affaire.
Ce frisson-là, cette reconnaissance immédiate d’une voix, ne peut pas être imitée par un algorithme.

5. Pourquoi cette position est essentielle

Homoromance Éditions est née d’une conviction : la littérature lesbienne mérite d’être diverse et surtout humaine. On veut lire de l'émotion. On veut ressentir qui nous sommes : des femmes attirées par des femmes.
Notre mission n’est pas seulement de publier des livres, mais de révéler des autrices, des univers, des sensibilités qui racontent des vies et des émotions sincères.

Accepter des textes 100% produits par IA reviendrait à effacer cette diversité, à lisser ce qui fait la richesse de nos récits.
Nous ne voulons pas d’un catalogue uniforme et sans âme, mais d’un espace vivant, où chaque histoire porte la marque d’une autrice et son identité qui évolue au fil du temps.

Nous savons aussi que derrière chaque roman publié se cache un parcours : des années d’apprentissage, de doutes, d’échecs, de réécritures.
C’est ce travail patient, cette exigence envers soi-même, que nous souhaitons encourager et préserver.

L’intelligence artificielle, en court-circuitant ce processus, nie la dimension humaine de la création.
Elle retire à l’écriture ce qu’elle a de plus précieux : le temps, l’effort, et la transformation intérieure qu’elle provoque.

6. Évoluer avec son époque, sans trahir son identité

Nous ne prônons pas le refus du progrès, mais la responsabilité dans son usage.
L’intelligence artificielle est désormais une réalité incontournable ; l’ignorer serait absurde.
Mais la domestiquer, la comprendre, et en faire un allié maîtrisé, voilà le véritable enjeu.

À Homoromance Éditions, nous encourageons les auteurs et autrices à expérimenter, à s’informer, à s’adapter, tout en préservant leur originalité.
Nous croyons à un futur où la technologie pourra accompagner la littérature sans la dénaturer : un futur où la machine soutient la plume, sans la diriger.

Évoluer avec son époque, oui ; mais jamais au détriment de son authenticité.

7. Un appel aux autrices et auteurs

Nous invitons chaque auteur et chaque autrice à faire un usage mesuré de ces outils.
Ils peuvent être des alliés pour corriger, tester, reformuler, mais ils ne doivent pas devenir des substituts à la pensée ou à l’émotion.

Apprenez à découvrir votre propre voix, à l’affiner, à la cultiver.

Vos mots = votre âme.

L’originalité ne vient pas d’une technique, mais d’un rapport intime au langage. Et puis écrire, c’est aussi se découvrir soi-même.

En littérature, la perfection n’est pas un objectif : c’est l’imperfection, le tremblement, le déséquilibre, qui créent la beauté d’un texte.
Ce que les IA considèrent comme des "erreurs" sont souvent, pour nous, des signatures d’auteur.

8. Une responsabilité collective

Notre position ne concerne pas seulement Homoromance Éditions, mais l’ensemble du milieu littéraire.
Les maisons d’édition, les plateformes, les librairies et les lectrices ont un rôle à jouer dans la préservation d’une littérature écrite par des êtres humains.

Il en va de la valeur même de ce que nous lisons.
Un roman n’est pas un simple produit culturel ; c’est un héritage.
En effaçant l’humain, on efface la mémoire, l’expérience et la voix de celles qui écrivent pour être entendues.

Nous croyons que la littérature lesbienne - née de la lutte, de la marginalité et de la fierté - doit rester un espace d’expression sincère.

9. Préserver l’âme des mots

Nous remercions toutes celles et ceux qui continuent à écrire avec sincérité, exigence et passion.
C’est grâce à vous, à vos histoires, à vos voix uniques, que notre maison - comme toutes celles qui défendent la romance lesbienne - peut grandir sans perdre son identité.

La littérature ne se réduit pas à des mots bien agencés : elle est faite d’âmes, de regards et de respirations humaines.
Et tant que cette conviction guidera notre travail, nous continuerons à défendre l’idée simple et essentielle que les livres doivent être écrits par des cœurs qui battent, pas par des circuits qui calculent.





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