Jeu d'âme, nouvelle lesbienne fantastique

Que seriez-vous prête à accepter pour rester en lien avec votre amour, trop tôt disparu ?

Dans le secret des catacombes de sa résidence pour personnes âgées, Anthéa va devoir répondre à cette question. Entrez dans son univers et découvrez avec elle l'envers du décor.

Résumé : Jusqu’où seriez-vous prête à aller par amour ? Anthéa, soixante-dix ans, intègre une maison de retraite. Vivre seule chez elle depuis le décès de l’amour de sa vie, survenu un an auparavant, ne lui correspondait plus. Une exploration souterraine de la résidence qui l’accueille va l’amener à découvrir un monde inconnu, surnaturel qui va bouleverser ses croyances et son quotidien. La possibilité de rester en lien avec sa chérie, arrachée trop tôt à la vie, va lui être offerte. Mais, ici comme dans l’au-delà, tout a un prix, tout se paie. C’est ce que va découvrir Anthéa. Sera-t-elle prête à payer le prix ?

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Découvrez ci-dessous un court extrait de la nouvelle lesbienne "Jeu d'âme" de Mady D.

- Allez, viens tatie, ça va aller !
Anthéa, soixante-dix ans récemment, jeta un regard à sa nièce, Azélie et la suivit. Elle observait la bâtisse qui l’attendait, au bout du parking.
- C’est donc ici que je vais finir ma vie ! Exprima-t-elle tout haut.
- Ne dis pas ça, tatie, tu n’en sais rien. Pour le moment, tu vas très bien. Tu sais, les maisons de retraite ne sont plus des mouroirs.
- Mouais, on dit ça, on dit ça.
- Je t’assure, les choses ont bien évolué. Et regarde celle-ci, elle a l’air plutôt sympa, non ? Et je trouve son nom très joli.
Anthéa leva la tête. Elles passaient toutes les deux sous le porche d’entrée où figurait une belle pancarte : Résidence « Le champ mauve ! »
- Oui, le nom est joli, mais tu sais, on peut lui donner toutes les plus belles appellations du monde, une maison de retraite, c’est quand même l’endroit où on finit sa vie !
- Arrête de bougonner, tatie ! C’est une maison de retraite, pas un EHPAD.
Anthéa ne répondit pas. Elle concéda ce point à sa nièce. La maison de retraite n’était pas un établissement pour personnes âgées dépendantes. Encore très alerte pour son âge, Anthéa ne relevait pas d’une prise en charge médicalisée. Elle souffrait juste de solitude.
Cette dernière année se révéla terrible pour elle. Malgré les fréquentes visites de sa nièce chérie et de sa famille, Anthéa ne parvint pas à retrouver le moral. Elle dépérissait, ne se nourrissait pas régulièrement et ne souriait pratiquement plus. Même ses petits-neveux, Lison et Lisio ne parvenaient pas ou très peu, à la dérider. Anthéa se sentait prisonnière d’un paradoxe. Elle gardait le goût pour la vie, elle se le devait à elle-même mais également, surtout peut-être d’ailleurs, pour une personne chère à son cœur qui n’aurait plus l’occasion de vieillir. Cependant, son quotidien ne l’animait plus, ses actes, ritualisés, perdaient de leur sens et de leur intérêt. Anthéa, connue et appréciée pour son dynamisme, sa joie de vivre et ses nombreux projets simultanés, ne rêvait plus, ne se projetait plus dans l’avenir. Elle semblait subir sa vie.
L’absence restait douloureuse, pesante, lancinante, comme un poids sur le cœur qui ne s’en allait pas. Au contraire, la douleur habitait toutes les fibres de son cœur, elle l’envahissait et projetait visiblement de s’y installer pour un long moment. Son entourage l’exhortait à avancer, mais avancer vers où ? Anthéa n’y parvenait pas. Ses épisodes de larmes nocturnes ne se comptaient plus sur les doigts de ses mains. Elle se forçait pour chaque acte, soutenue par sa famille qu’elle oublia cette année-là. Fait exceptionnel, elle oublia même de fêter l’anniversaire des membres de sa famille... Sa sœur jumelle ne reçut pas d’appel ! Et pire, Azélie, sa nièce chérie, ne reçut ni appel ni bouquet de fleurs comme habituellement. Pour cette dernière, cet oubli représenta le signe révélateur du profond mal-être de sa tante. Au-delà du fait que, depuis sa naissance, Anthéa ne l’avait jamais oubliée, Azélie perçut que la vie perdait de son intérêt pour sa parente.