Syndrome de l'imposteur vs Dunning-Kruger : la psychologie de l'écrivaine dévoilée
Dans le monde de l'écriture, j'ai récemment réalisé qu'il existait deux types d'auteures : d'un côté, les victimes du syndrome de l'imposteur et de l'autre, les victimes de l'effet Dunning-Kruger. Le premier est caractérisé par une tendance à douter de ses compétences et à sous-estimer ses réalisations, ce qui peut passer pour un excès d'humilité ou de la modestie ; tandis que le second se manifeste par une surestimation de ses propres compétences, autrement dit, une marque bien connue des auteurs qui ont pris la grosse tête alors qu'ils sont, en général, bien moins compétents que les premiers.
J'ai donc décidé de vous concocter un nouvel article, non sans humour - parfois caustique - pour vous présenter ces deux personnalités que je croise dans mon entourage littéraire depuis environ 15 ans... Mon article sera écrit en parlant des autrices et écrivaines, car je ne connais pas suffisamment de messieurs de la sphère littéraire de la romance de niche pour généraliser mes observations qui sont, je le souligne, totalement subjectives et traduites - je le précise aussi - par mon prisme autistique.
Sommaire
1. Introduction
Bienvenue dans l'univers fou et tumultueux de l'écriture au féminin ! Un monde où les maux de tête sont monnaie courante, les cafetières, épuisées bien avant les écrivaines et où les chats ont appris à survivre sans leur maîtresse pendant des heures. Une sphère où la fiction est parfois plus réelle que la réalité et où le spectre du blocage de l'écrivaine est plus terrifiant qu'un thriller de Stephen King.
Être écrivaine, c'est un peu comme faire du trampoline sur un champ de mines : divertissant, risqué et terriblement stimulant. Au fur et à mesure que vous progressez, il est presque impossible de ne pas tomber sur l'une de ces mines psychologiques : le syndrome de l'imposteur ou l'effet Dunning-Kruger. Le premier c'est cette petite voix qui vous fait douter de chaque mot que vous écrivez ; alors que le second vous fait croire que chaque virgule est un chef-d'œuvre en soi.
Attachez vos ceintures, car nous allons naviguer dans les bas-fonds (parfois très bas) de l'inconscient des autrices, et peut-être même découvrir que vous êtes vous-même un personnage de cette farce littéraire. Mettez vos préjugés de côté, prenez un bon café (ou un thé, selon vos préférences), et préparez-vous à une courte visite de l'autre côté des pages que vous lisez...
2. Comédies... ou drames littéraires
Le monde de l'édition est parfois un vaste théâtre où se tient autant de comédies (parfois romantiques - clin d'oeil aux autrices et lectrices qui se reconnaîtront) que de tragédies... où des écrivaines à mi-temps jonglent entre leurs rêves d'être la prochaine J.K. Rowling et la réalité d'être... employée à un poste pas très glamour.
Les protagonistes principales de ces pièces sont des figures familières que vous croiserez régulièrement sur les réseaux d'écriture avec :
- d'un côté, celles qui respirent la joie, la bonne humeur et le positivisme,
- de l'autre, celles qui se complaisent dans un drama nauséabond, une main sur le front, déplorant leur triste sort à la manière d'un personnage shakespearien (à la différence près qu'elles écrivent des romances et non des tragédies royales.)
2.1. Comment les reconnaître ?
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Les auteures imposteures : Discrètes, humbles, gênées... Vous les avez assurément rencontrés dans les coins les plus sombres des soirées littéraires (ou du café), murmurant des excuses sur leur dernier livre publié : "Oh, j'ai passé les 5000 exemplaires, mais c'était un coup de chance", "Je ne sais pas comment il a pu être publié", "j'ai du mal à croire que les lectrices aiment autant mon bouquin".
Ces écrivaines, aussi talentueuses soient-elles, sont convaincues qu'elles sont à la littérature ce que les pantoufles sont à la haute-couture.
Ce sont des génies qui pourraient remporter le prix Nobel de la romance lesbienne s'il existait et qui, pourtant, se sentent toujours insuffisantes, un peu comme un paon qui s'excuserait pour la simplicité de son plumage. -
Les auteures Dunning-Kruger : Prodiges, prétentieuses, hautaines, condescendantes, méprisantes, vaniteuses... elles sont à l'autre bout du spectre... et vous les reconnaîtrez à ce détail : après avoir écrit une demi-page d'un roman, elles sont convaincues d'avoir réinventé la littérature, la fantasy, le fantastique, le genre policier et j'en passe. Ces auteures exubérantes se voient comme le futur de l'écriture, laissant dans leur sillage une nuée de majuscules audacieuses et de métaphores si complexes qu'elles feraient frémir un cryptographe. Ce sont les héroïnes qui, après avoir écrit leur premier poème, estiment déjà avoir surpassé Shakespeare, Baudelaire et Borges réunis...
Habituellement, elles ont tendance à critiquer tout ce qui ne provient pas de leur propre plume ou de leur cercle restreint. Leurs œillères ne leur permettent de voir que leur propre lumière, ignorant les étincelles d'inspiration qui pourraient jaillir de sources extérieures. Elles se positionnent comme des oracles littéraires, dispensant leurs jugements avec une assurance qui pourrait impressionner si elle n'était pas si déconnectée de la réalité. Mais il est important de noter que ces traits ne définissent pas l'ensemble de leur personne. En fait, la vérité pourrait être bien plus nuancée. Les Dunning-Kruger peuvent aussi avoir des moments de lucidité (courts, je vous l'accorde), des instants de doute, des périodes de vulnérabilité, car au fond, ce qui les ébranle et leur manque paradoxal et terrifiant de confiance en elles...
3. Syndrome de l'imposteur - Entre auto-flagellation littéraire et paranoïa créative
Parlons un peu plus de nos amies les imposteures discrètes à la modestie excessive, celles qui voient leur talent littéraire comme une illusion d'optique persistante.
3.1. Les paranoïaques de la plume
Vous êtes-vous déjà demandé pourquoi certaines auteures semblent penser que leurs textes sont moins crédibles qu'un horoscope dans un magazine de mode ? Elles écrivent avec la crainte constante d'être découvertes, "démasqués" pour ce qu'elles sont vraiment : de simples mortelles avec une imagination débordante. C'est un peu comme si Picasso avait peur que quelqu'un se rende compte qu'il n'est pas vraiment un peintre, mais juste un type qui aime mélanger les couleurs.
3.2. Démasquer l'imposteure
Certaines écrivaines sont si douées pour se dévaloriser que nous hésitons parfois à leur demander de donner des leçons aux Dunning-Kruger en matière d'humilité (mais généralement, ces dernières ont tendance à mal tolérer les premières, les accusant d'être excessivement complaisantes).
Avec 249 avis positifs reçus sur 250, les imposteures retiendront l'unique critique négative comme confirmation de leur incompétence, prétextant que les 249 autres lectrices ont sans doute mal lu. Logique !
Bien sûr, ce tableau est une hyperbole à fin humoristique. Mais n'est-ce pas là l'essence même du syndrome de l'imposteur ? Se laisser envahir par une peur - celle de ne pas être à la hauteur - et la gonfler jusqu'à ce qu'elle cause des ravages dans la confiance en soi de l'écrivain.
Chères écrivaines, si vous vous reconnaissez dans cette description, rassurez-vous, vous n'êtes pas seules. Et la bonne nouvelle, c'est qu'en général, les éditeurs préféreront amplement travailler avec vous en sachant que vous serez à l'écoute et psychologiquement préparées à travailler vos textes pour les rendre meilleur.
4. Dunning-Kruger - Quand l'arrogance s'invite à la table de l'écriture
Passons maintenant à nos amies (mais pas vraiment) du côté Dunning-Kruger, ces écrivaines dont la confiance en elles éclipse parfois l'infime lueur de la raison, de la logique, de l'honnêteté, de la bonne foi, de... (pardon, je m'égare...).
Pour elles, chaque phrase est une symphonie, chaque paragraphe un chef-d'œuvre, chaque manuscrit, une révolution... Rien dans leur texte ne doit être retouché, retravaillé, modifié, amélioré !
4.1. La surestimation, ou le sixième sens de l'écrivaine
Imaginez une auteure dont chaque trait de plume est empreint de génie, du moins à ses yeux. Elle est la Beethoven de la littérature, et chaque page est sa neuvième symphonie. Si vous trouvez cette idée absurde, vous n'êtes pas seule. Mais la réalité est que de nombreuses écrivaines souffrent du syndrome de Dunning-Kruger avec une tendance à surestimer grandement leurs talents, leurs compétences, leurs idées ce qui les amène à être très souvent déçues de ne pas trouver un éditeur à la hauteur de leur talent et de leur incommensurable génie. Mais... soyons honnête : cet excès de confiance n'est pas forcément une mauvaise chose - sauf quand vous êtes leur éditeur !
4.2. Dunning-Kruger et l'art de l'échec spectaculaire
Il est indéniable qu'un excès de confiance peut se transformer en un sérieux handicap pour la réussite. L'histoire est peuplée d'auteures qui, persuadées de leur infaillibilité littéraire, ont chuté de façon mémorable (et cherchent encore leurs dents métaphoriques dans les décombres de leur carrière).
Il me revient en mémoire une anecdote croustillante où des "Dunning-Kruger" avaient prédit la chute de leur maison d'édition après leur départ, se croyant les fondations inébranlables de l'édifice... Non seulement la maison d'édition a survécu, mais elle a prospéré, comme si elle s'était finalement débarrassée d'un fardeau plutôt encombrant.
C'est la réalité paradoxale du syndrome de Dunning-Kruger. D'une part, la confiance est un moteur incroyable, propulsant les auteures à des sommets de motivation, d'innovation et de créativité. D'autre part, l'excès de confiance peut les précipiter dans les abîmes de l'échec...
5. L'équilibre délicat - La quête constante de l'écrivaine
Mais après tout ne sommes-nous pas toutes des Imposteures Dunning-Kruger ? N'avons-nous pas toutes un jour douté le matin pour nous sentir gonflées à bloc de confiance le soir ?
Vous êtes seule à pouvoir répondre à cette question, même si je crois profondément qu'il y a des tendances qui se révèlent au fil du temps et que certaines écrivaines auront toujours plus d'humilité, de doutes, seront capables de se remettre en question, quand d'autres brilleront malheureusement par leur arrogance...
Je crois aussi qu'une écrivaine de métier oscille entre les deux psychologies au fil de sa carrière, deux visages qui sont finalement le reflet des incertitudes et des passions qui alimentent l'acte d'écrire.
6. L'art de la littérature
Le plus grand défi pour une écrivaine n'est pas d'écrire la prochaine grande romance, ni de gagner un prix littéraire prestigieux. Le véritable défi est d'admettre que vous êtes parfois compétente et parfois incompétente, mais jamais parfaite ! L'écriture est un voyage constant vers l'amélioration, un voyage qui demande du courage, de la résilience, de la persévérance, et un sens de l'humour aiguisé pour rire de nos erreurs et ne pas les reproduire... c'est aussi cela l'expérience qui forgent les grandes écrivaines !
Rappelez-vous que l'écriture n'est pas qu'une question de talent pur quand on devient volontairement un personnage public, c'est aussi une question d'image et de jugements humains.
Après tout, la littérature est une comédie humaine, et chaque écrivain en est à la fois l'auteur et le protagoniste.
7. Note finale
En tant qu'éditrices, nous ne sommes pas enclines à collaborer avec les auteures ayant une tendance à la surévaluation de leurs compétences.
Bien qu'elles puissent montrer des signes de confiance et d'ambition, ces attitudes peuvent malheureusement mener à un manque d'ouverture et de flexibilité essentiels dans le processus de création littéraire. En effet, le manque de réceptivité aux critiques et suggestions peut entraver la croissance et l'évolution de l'auteure, et par conséquent, la qualité de son œuvre.
De la même façon que nous accueillons les remarques constructives nous aidant à évoluer, nous privilégions la collaboration avec des auteures qui sont prêtes à apprendre, à grandir à nos côtés et à s'adapter. C'est en cultivant une attitude d'ouverture et de respect mutuel que nous pourrons produire ensemble des œuvres de la plus grande qualité. Nous recherchons des partenaires de travail qui reconnaissent leurs points forts, mais qui sont également conscientes de leurs limites et sont disposées à travailler sur elles dans le respect et la bienveillance.
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L'effet Dunning-Kruger m'a aussi beaucoup fait réfléchir sur l'humour que l'on peut trouver dans l'arrogance de certaines personnes, particulièrement dans le milieu littéraire. Le syndrome dunning-kruger a souvent été l'objet de blagues entre autrices, mais ce n'est qu'après avoir pris conscience de ce concept que j'ai commencé à repérer ces comportements dans mon entourage. En revanche, je réalise que même ceux qui semblent en proie au syndrome de kruger traversent parfois des phases de doute. Ce texte, avec son ton léger et ironique, nous rappelle que les insécurités et les excès de confiance sont universels.
Au final, que l'on se situe du côté de l'imposteur ou du syndrome dunning kruger, l'important est de trouver un équilibre. L'humour de cet article m'a permis de dédramatiser mes propres doutes, tout en reconnaissant que l'écriture est un chemin semé de défis psychologiques pour tout le monde.