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7 choses que nous n'imaginions pas sur la vie d’auteures par CANLJ

| Cherylin A. Nash et Lou Jazz | Les conseils d'écriture

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Avant d’être signées, publiées et diffusées, Lou et moi avions chacune notre propre vision de ce en quoi consiste le travail d’auteure. Au cours de nos discussions, nous nous sommes rendu compte que nous n’avions pas la même vision des choses. Nous avons décidé d’en discuter et de vous proposer cet article. 

Les points que nous aborderons concernent nos propres impressions et notre approche du métier. Certains sujets seront valables pour l’ensemble des auteurs, d’autres le seront moins. 

Enfin, pour préparer cet article, nous avons lancé des sondages sur nos réseaux sociaux pour demander à notre lectorat quelle est sa vision du métier d'auteur. Trois choses sont revenues en majorité dans les réponses :

  • écrire beaucoup,
  • faire des recherches
  • et être riche.

Si c’est vrai pour deux des réponses, ce n’est pas le cas de la troisième. 

Sommaire

1. Comment nous envisagions le travail d’auteur

Pour Lou, c’est simple : elle ne l’envisageait pas. Avant que je ne lui propose d’écrire à deux, elle n’avait jamais songé à cette possibilité. Son premier frein étant sa dyslexie et ses difficultés avec la langue française. Exercice pour lequel nos nombreuses heures d’écriture l'ont beaucoup aidé finalement. 

“Elle est complètement folle” 
“Elle va arrêter après la première histoire avec toutes mes fautes”
“Cette dingue a décidé qu’on continue”

Quand c’est devenu un peu plus familier pour elle d’écrire, elle a commencé à réfléchir au métier. Écriture, relecture et recherches semblaient être les piliers du métier.

Pour moi, c’était un peu différent. Je voulais être auteure depuis longtemps et je m’étais fait une première idée en parcourant des témoignages sur Internet.

  • Écrire,
  • corriger,
  • faire des soumissions,
  • des recherches
  • et être présente sur les réseaux semblaient évident. 

Nous avions toutes les deux raison sur ces points, mais force est de constater que nous étions très TRÈS loin du compte. 

2. Travailler à deux vitesses

Lou et moi ne fermons jamais les portes à l’inspiration. Lorsque nos imaginaires s’en mêlent, nous répondons présentes. C’est la partie la plus libre de notre travail, celle que nous préférons aussi. Nous mettons un point d’honneur à nous saisir des idées et à les traiter quand nous sommes dans cette énergie créatrice. Adieu notion de temps. On nous demande souvent comment faire pour écrire autant et avoir autant d’idées. Je dirais aujourd’hui que cela réside dans la capacité à les saisir où qu'elles soient et à toute heure. Nous sommes inspirées par tant de choses qu’il est impossible de faire une liste. J’ai aimé cette comparaison qui dit que l’inspiration c’est un peu comme être devant un pommier. Des pommes, il y en a beaucoup sur un arbre, le tout c’est de les ramasser.

“Écris avec ton cœur. Réécris avec ta tête” 
Phoebe Waller-Bridge.

La partie créative ne s’arrête jamais, nous n’avons plus d’horaires. Cela contraste énormément avec l’autre versant de notre travail qui est très organisé et cadré en ce qui consiste la préparation de textes, les relectures, les corrections, mais aussi les temps d’échanges avec les professionnels, les réunions et tout ce qui peut nécessiter des heures de bureau. Plus nous écrivons, plus nous devons corriger, avec notre tête, donc !

3. Avoir une image publique

La passion, c’est absolument fabuleux, mais devenir auteure pousse à une professionnalisation. Qu’on le veuille ou non, nous obtenons une image publique. Aucune de nous deux n’y était préparée. Nous en avons fait le constat très rapidement. Non seulement nous évoluons dans un marché de niche avec une implication dans la communauté LGBT, mais nous sommes aussi des femmes auteures. Nous avons perçu l’attente de notre communauté à nous voir nous prononcer sur des sujets sur les réseaux sociaux, à prendre parti, à avoir une forme d’influence et donc une responsabilité aussi. De nature plutôt introvertie toutes les deux, ça a été un grand pas pour nous d’être actives sur les réseaux et de les travailler pour qu’ils soient au plus près de ce que nous souhaitons véhiculer et partager avec nos livres. Depuis nos débuts, ce qui compte le plus pour nous c’est d’offrir de bons moments à nos lectrices et lecteurs et finalement un cocon, un safe place pour échanger avec respect et naturel. 
Toujours est-il que nous étions loin d’imaginer cette perspective et la place que cette image publique allait prendre dans notre vie d’auteures.

4. Déléguer

Lou et moi avons placé l’écriture au centre de nos activités. Voici donc la réponse : si vous comptez vivre de l’écriture avec un seul roman, mieux vaut changer de plan ! 
Écrire beaucoup signifie corriger beaucoup. Certaines années, nous passons plus de temps à corriger, d’autres à écrire. C’est fluctuant, même si nous essayons de garder le plus de temps pour écrire, parce que c’est finalement ce que nous aimons le plus faire.
Une fois n’est pas coutume, je remercie toutes les personnes qui nous ont aidées et qui nous aident toujours aujourd’hui, que ce soit pour les bêta-lectures, les corrections, la gestion de nos réseaux sociaux, etc. 
Savoir déléguer ça s’apprend. Ce n’est pas dans mon caractère. Premièrement parce que cette vie autour de l’écriture est un projet pour lequel Lou et moi ne voulons rien laisser au hasard, ensuite parce que je sais combien il peut être épuisant et difficile de préparer des romans. Il a toujours été primordial pour nous de préserver notre style et nos inspirations, mais aussi de vérifier tout ce qui est corrigé, proposé, ajouté par d’autres personnes. Ce qui fait que nous favorisons peu de partenariats, au profit d’échanges de confiance. J’insiste sur la confiance, parce qu’il existe des phénomènes dramatiques dont nous n’avions pas connaissance avant de nous professionnaliser, comme le vol de textes.

5. La compétition entre les auteurs

Sur ce point-là, nous sommes tellement tombées des nues. Je me rappelle qu’après la signature de notre premier roman, nous étions à la fois impatientes et nerveuses d’appartenir à une nouvelle communauté : celle des auteures. J’avais hâte de faire des rencontres et d’échanger ou parler expérience, etc. Je me suis vite rendu compte, et souvent à nos dépens, qu’il y avait une forme de compétition entre certains auteurs. Certains, oui, parce que ce n’est pas la majorité, mais cela existe et nous l'ignorions complètement ! Que ce soit par jalousie, doute autour de son propre projet ou crainte de ne pas vendre, il y a un tas de raisons différentes… Personnellement, je trouve ce genre d’attitude triste. Essayer de nuire pour briller est une attitude qui ne permet pas à un auteur de perdurer. Ces personnes ne font généralement pas parler d’elles longtemps. Qui plus est, je trouve cela réducteur pour les lectrices. Nombre d'entre elles.eux lisent beaucoup d’auteurs.res. Pour notre chance, Lou et moi faisons partie d’une maison d’édition fédératrice et soucieuse du bien-être des auteurs.

6. L'amalgame

Un phénomène que l’on rencontre régulièrement lors de nos échanges sur les réseaux sociaux, celui de l’amalgame entre nos personnages et les personnes que nous sommes derrière nos pseudonymes d’auteures.

“J’ai lu tous vos livres, je vous connais”

NON. S’il vous plaît, les auteures.rs sont des personnes sensibles et ce genre de message peut faire très peur !
Deviner laquelle de nous a écrit tel ou tel personnage, c’est très fun et nous avons toujours beaucoup de plaisir à recevoir vos réponses, mais nous confondre littéralement ou imaginer que nous racontons nos vies dans nos romans serait une erreur. 
La plupart du temps, ce n’est pas une démarche mal intentionnée. Nous avons conscience que certains sujets abordés peuvent vous donner envie de discuter avec nous ou de partager vos opinions sur un livre. Si nous puisons dans nos émotions pour écrire, nous sommes loin d’avoir vécu toutes les vies que nous inventons. Je dirais que c’est même le propre d’un auteur de parvenir à plonger auprès de nombre de personnages et de s’approcher assez d’eux pour leur donner vie, qui qu’ils soient.

7. Temps de formation

Avant d’être auteure, je pensais que signer dans une maison d’édition signifierait ne pas avoir à m’occuper de certaines tâches. C’est relativement vrai pour un bon nombre. Le confort de signer avec une structure sérieuse chasse le souci des corrections approfondies, de la création de couvertures, du référencement, de l’approche marketing et tellement d’autres choses… 
Il n’empêche que depuis nos débuts, nous n’avons jamais arrêté d’apprendre. D’une part, parce que nous adorons étudier pour préparer certains romans qui le nécessitent, mais pas que.
Que ce soit pour apprendre à être présentes sur les réseaux, à préparer des images, à bien communiquer, à connaître le statut professionnel d’artiste-auteur, le versant juridique, à connaître ses droits face aux haters, au plagiat, rester informé et ouvert d’esprit, il nous a été important de consacrer du temps à de nombreux apprentissages. Et nous le faisons toujours.

8. Des horaires super cool

Lou et moi imaginions que réaliser notre rêve de choisir le métier d’auteure nous permettrait d’avoir des horaires super cool. Nous avions raison et tort ! 
Travailler pour soi et chez soi à des avantages, comme pouvoir aménager sa journée comme on l’entend, prendre une pause quand on en a envie, profiter d’une grasse matinée, ne pas avoir de comptes à rendre… Mais il y a aussi des inconvénients : il est difficile de s’arrêter, on peut culpabiliser de ne pas travailler et finalement prendre peu de temps pour soi. 
Ce dernier point boucle la boucle puisque nous en revenons au point numéro 1, le combat entre processus créatif envahissant et demandeur VS les périodes de travail très cadrées.
Nos semaines peuvent être organisées sur les horaires de bureaux ou sur une absence complète d’horaires parce que nous avons l’esprit totalement ailleurs. Il nous est arrivé une fois de perdre complètement pied avec la réalité et de réaliser que la batterie de notre voiture était vide parce que nous ne sommes pas sorties… depuis un certain nombre de jours. 

Vous connaissez désormais certains points de nos vies d’auteures que nous avions envisagées ou que nous ignorions complètement. Nous pourrions également citer la découverte du statut d’artiste-auteur, fait pour nous simplifier la vie, mais que peu d’institutions connaissent que ce soit en France ou en Europe ; ou encore que nous avons appris à accueillir les critiques ; que nous savions qu’il serait dur de vivre de notre passion, mais que nous n’avions pas imaginé à quel point ; que les recherches sont aussi géniales qu’imaginées et que ça me donne une excuse parfaite pour acheter des livres… 

Une chose est sûre, ce chemin et ces apprentissages ont fait de nous des personnes plus passionnées encore pour ce fou métier. 




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