Chronique "Dans l'ombre d'Emma"
Ciara est une artiste-peintre lyonnaise, une jeune femme fragile, qui a bien du mal à gagner sa vie avec son art. Pourtant, tout le monde lui reconnaît du talent, un grand talent. Mais voilà, elle pense que personne ne la comprend, ne comprend son art et elle n’est pas vraiment très douée pour se faire connaître. Elle est entière, n’aime pas les mondanités et les interactions sociales teintées d’hypocrisie…
A contrario, Emma est une actrice sublime, en haut de l’affiche, à qui tout réussit. Française, vivant à Londres et voyageant énormément pour son travail, elle forme, en apparence, un couple parfait avec un réalisateur de talent, lui aussi beau et riche. La diva peut se permettre nombre de caprices et scandales. Peu importe, son aura est telle qu’elle reste la meilleure aux yeux du monde. Mais Emma s’ennuie à présent. Quand elle croise la route de Ciara, elle voit l’occasion de s’amuser un peu et d’apporter du piment dans une vie sans surprises : une jeune femme fragile et différente qu’elle pourra dominer entièrement. Un jeu, rien d’autre qu’un jeu pour elle, en attendant son prochain mariage.
L’histoire est belle. Elle nous fait voyager entre Lyon, Paris, Londres, San Francisco et le sud de la France. Une succession de rendez-vous qui ne se déroulent jamais comme on s’y attend, ni même comme les personnages s’y attendent ! Mais ce qui m’a le plus marquée, c’est la subtilité du développement psychologique des personnages et la façon dont cela influence l’intrigue. Avec ces deux personnalités, riches et complexes, dont la force s’exprime de manière radicalement différente, l’auteure joue avec talent sur les différentes nuances. Les jeux d’influence sont légion : les deux héroïnes mais aussi leur entourage avec des personnages secondaires bien campés, consistants et… contrariants ! Alors qu’on pense savoir où l’action va nous mener, l’auteure prend un malin plaisir à nous prendre à contre-pied !
Parlons un peu du style de Melina Dicci. À ma connaissance, c’est un premier roman publié et je dois dire que le style est déjà bien affirmé : fluide, rapide, pas de descriptions longues et fastidieuses. On suit les deux héroïnes avec des dialogues tranchants, vivants et qui ne s’embarrassent pas de demi-mesures ! Les sentiments à fleur de peau animent ces dialogues et nous emmènent au cœur de la scène.
Il est des récits qui marquent. Celui-ci en fait partie : « Dans l’ombre d’Emma », par Melina Dicci !
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J'ai pu qu'à le lire pour le savoir