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Chronique "57 jours"

| Chantal Trembley | Chroniques gays

Chronique "57 jours" - romans gays, romance MxM, homoromanceCela arrive aux meilleurs d’entre nous. Nous pouvons être le capitaine de l’équipe de foot du lycée, être beau garçon, intelligent, avoir une petite copine tout aussi jolie et brillante, la même bande d’amis depuis des années… Et un beau jour, constater que cela ne nous convient plus. Que nous jouons un rôle. Que nous sommes le prisonnier de notre propre vie. C’est ce qui arrive à Corey, jeune et séduisant lycéen à la langue bien pendue. Tout d’un coup, son existence lui pèse. Ses yeux s’affûtent, et il remarque des choses auxquelles il n’avait encore jamais porté attention. Comme Eliott Hudson, adolescent chétif et discret, la tête de Turc de l’école. Eliott Hudson et sa souffrance. Eliott Hudson et son compte à rebours.

Lym Bordage ne nous invite pas dans un univers facile. Elle nous plonge au cœur même de cet âge où tout est encore à jouer, où notre vision du monde, encore en construction, est étroite et brouillée par les préjugés. Ceux qui, comme Corey,  veulent sortir des sentiers battus, qui veulent s’affirmer pour ce qu’ils sont vraiment, se voient rejeter par la masse à coups d’insultes et de brimades. On peut s’affirmer, se battre, et les autres abandonneront peut-être la partie, mais le prix à payer sera la solitude. Une terrible solitude. Et puis, il y a le monde à l’extérieur de l’école, celui des adultes, dont on pourrait attendre plus de compréhension et de justice. Mais quand on s’appelle Eliott Hudson, celui-là est encore pire. C’est un monde d’abus et de silences. Pour Eliott, il n’y a pas d’échappatoires. L’enfer est partout.

On peine à croire que l’amour puisse fleurir dans un tel contexte. Pourtant, l’auteure réussit à le faire germer avec brio, dans un style simple, parfois furieux, un style très proche du langage parlé, qui s’accorde parfaitement avec nos deux lycéens. Eliott et Corey s’accrochent l’un à l’autre comme après une bouée. Ils s’empêchent mutuellement de couler et trouvent dans leur amour une raison de vivre.

Néanmoins, on pourra reprocher à 57 jours sa fin un peu simpliste, un peu « fleur bleue ». L’auteure nous ayant maintenus sur la corde raide tout au long du récit, on peinera peut-être à croire au dénouement qu’elle nous propose. Malheureusement, celui-ci prend un peu des airs de « déjà-vu ».

Cela n’enlève rien à la force globale du récit. 57 jours ne comptent aucun temps mort. On tourne les pages avec avidité, laissant notre cœur battre au même rythme que celui nos deux protagonistes. On souffre et on pleure avec Eliott, on s’indigne et on bouillonne avec Corey. Et on espère bien que leur histoire durera plus que 57 jours.

Par Anaïs Paquin





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