"Sous les flocons d’Halifolk" - Romance FxF de Noël

La séparation de Jill et Reese ne ressemble à aucune autre. Dix ans plus tôt, l’amour qu’elles partageaient a pris fin. Un grand amour peut-il survivre au temps et au drame ? Cet hiver, Jill Attaway va vous donner la réponse.

Résumé : Jill Attaway est l’habitante regrettée d’Halifolk depuis qu’elle a choisi de fuir à Atlanta. Installée depuis plusieurs années, elle y travaille d’arrache-pied pour obtenir le poste de ses rêves. Elle sait ce qu’elle veut. Du moins, elle le croit jusqu’à ce fameux coup de téléphone. Celui de Reese McKnight, le shérif adjoint et amour d’enfance de la citadine a une nouvelle importante à lui annoncer.
Comment Jill gérera-t-elle ses émotions présentes et passées ?
Est-ce qu’un premier amour dure toujours ?
Découvrez les réponses dans le cœur hivernal de la petite bourgade.

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EXTRAIT 1

Ce cinéma était le cœur de vie d’Halifolk lorsque nous étions étudiantes. Tout le monde y venait. Les week-ends étaient rythmés par les horaires des séances et bien que la bourgade soit petite, la salle était toujours pleine. Le meilleur moyen d’avoir des sièges était de les réserver. Et Reese le faisait ! Elle avait des places à chaque fois.  
Un sourire barre mon visage quand je retrouve les séries de fauteuils carmin. Dans mes souvenirs, ça avait l’air plus grand. Ça ne paie pas de mine, encore moins après les immenses complexes que j’ai découverts à Atlanta, mais c’est là tout le charme de cette vieille salle de cinéma !  
Un nœud se forme dans ma gorge quand Reese prend ma main pour me conduire dans l’allée. Lorsque nous nous fréquentions, nous venions ici souvent. Dans le fond de la salle, nous passions plus de temps à nous embrasser qu’à regarder le film. C’était l’un des seuls endroits où nous pouvions être tranquilles. Mine de rien, notre relation a duré deux ans. Je me demande comment nous avons fait pour supporter toutes les frustrations dues à nos limites d’étudiantes.  
Je serre les doigts de Reese quand elle s’insère dans une rangée de sièges. C’est absolument dingue ce sentiment de marcher sur les traces de notre passé. Je ne fais cas de rien et m’assois près d’elle. Reese nous a situées bien au milieu de la pièce. L’écran est parfaitement face à nous.  
— Attends-moi là, je reviens vite.  
Elle s’éloigne. Je la suis du regard quand elle prend la sortie. Mes yeux font le tour des affiches attachées sur les murs de la salle. Ça ne paie vraiment pas de mine ! Même l’éclairage est fatigué, mais c’est un peu comme une deuxième maison pour moi ici. Cette pensée m’enveloppe de douceur lorsque soudain une projection apparaît sur l’écran. La lumière tombe. Je suis impatiente ! Avatar est le premier film que nous sommes allées voir ensemble. Je me demande si Reese a fait exprès de le suggérer.
Elle revient quelques minutes plus tard avec un plaid qu’elle installe sur mes jambes et s’assoit sur le siège voisin.  
— Merci.
Je lui tends la couverture. Il fait plus frais ici. J’imagine que Reese ne chauffe pas beaucoup la salle. Jamais je n’aurais pensé revoir ce film un jour dans cette salle. Grâce à l’espace éclairé par la luminosité des images, je regarde Reese sourire.
— Désolée, je n’ai pas encore la machine à pop-corn, me dit-elle.
— Je te pardonne pour cette fois. Seulement parce que j’adore l’idée de me replonger dans cette histoire et en ce lieu.  
— Ravie de te faire plaisir, Jill.  
Si je n’avais pas aussi peur des conséquences, je prendrais sa main. Je sais que la sienne est posée sur l’accoudoir sous la couverture. Il y a douze ans, je n’aurais pas hésité. J’observe son profil paisible un instant et reporte mon attention sur l’écran.  
Est-ce qu’il est possible que mes sentiments émergent de cette façon dix ans après mon départ ? Je ne suis ici que depuis la veille. Ça me semble improbable, bien que je les sente grandir et s’épanouir chaque fois que Reese est aussi proche de moi. Je pensais que notre relation avait pris fin. J’ai toujours cru que c’était irrémédiable. Pourquoi aujourd’hui ?

EXTRAIT 2

Je sors de la chambre en quête d’un sac pour placer ses vêtements. À l’expression de Reese, je devine qu’elle voudrait dire quelque chose, mais je ne lui en laisse pas l’occasion. Je la devance et rejoins la pièce où le crépitement du feu de cheminée m’apporte une pensée positive. Elle n’y est pour rien. J’ai beau le savoir, les émotions qui se battent en moi sont violentes. Je ne peux simplement pas les gérer. J’essaie de me reprendre en lui faisant face. Une nouvelle fois, son visage me fait oublier ce monde de douleur. J’aurais voulu la retrouver dans d’autres circonstances.

— Tu as raison, j’ai aimé la montagne.

— Tu peux aussi avouer que c’était surtout ma compagnie, dit-elle avec un petit sourire.

— Tu es bête.

Je rigole avec elle en profitant de ces secondes bienfaitrices. Les éclats de voix disparaissent bientôt de la pièce gagnée par les crépitements du bois. J’ai peur de lire cette tendresse qu’elle me portait autrefois dans son regard. Elle fait pourtant écho à celle qui se cache toujours dans mon cœur. Dix années à Atlanta dans des costumes neufs et de faux sourires n’ont pas réussi à enterrer le moindre souvenir de ma vie à Halifolk.

— Je vais aller nourrir le chat.

— Le chat ?

Je suis surprise de ce qu’elle annonce. Mes yeux ronds comme des billes doivent l’amuser.

— Je ne sais pas où il l’a trouvé, il est sûrement quelque part dans les combles.

— Il y a longtemps qu’il est ici ? Comment s’appelle-t-il ?

— Barracuda. Il aime le poisson et ça doit faire six mois.

J’observe la brune aux cheveux soyeux aller chercher de quoi remettre de l’eau et de la nourriture dans la gamelle de l’animal. Elle n’a aucun mal à faire la part des choses et à aller à l’essentiel. Comment connaît-elle un détail pareil ? Je la suis des yeux quand elle me fait dos. La culpabilité et le chagrin me serrent la gorge. J’aimerais pouvoir apporter des douceurs aussi simples à mon père, mais j’en suis devenue incapable.

— Tu lui rends souvent visite ?

Je prends les gamelles de ses mains lorsqu’elle se retourne. Le geste la surprend, mais elle me laisse les déposer par terre. Je lui fais à nouveau face.

— Assez régulièrement, oui. Je lui fais des courses ou je l’aide à faire des trucs parfois.

J’analyse sa réponse tandis qu’elle m’observe dans le blanc des yeux. Une nouvelle fois, je m’efforce d’abandonner la défensive sur laquelle je suis remontée. Comment ma colère peut-elle toujours être aussi intense et ma peine aussi vive dix ans après le drame ?

— Je te remercie, c’est gentil de faire ça pour lui.

C’est le moins que puisse dire...