Pourquoi écrire à la première personne ?
Faire un choix de narration peut-être intuitif, interroger ou évoluer avec le temps et l’expérience.
Le nôtre s’est forgé et imposé jusqu’à devenir un choix artistique assumé. Lou et moi vous parlerons dans cette chronique des avantages et des inconvénients de l’écriture à la première personne du singulier. Mais avant, on voudrait vous dire…
Il y a autant de façons de raconter des histoires que d’auteurs. Chacune du nous a dû s’interroger sur la façon dont nous aimons et voulons le faire. Si nos romans n’ont pas essuyé de critiques acerbes à ce jour, notre choix d’écriture en revanche n’a pas été en reste. Peu conventionnel, immature, pas littéraire, urbain, jeu… on a essuyé quelques remarques venant de professionnels ou de lectrices/teurs qui nous ont beaucoup interrogées. Fait est que Lou comme moi aimons la liberté que l’écriture nous apporte et qu’elle plaît à nos lectrices/teurs. S’il existe des standards dans la littérature, nous aimerions vous dire que si vous construisez votre style, et qu’il trouve son public, alors vous tenez une victoire et votre propre moule. Faites ce que vous aimez et avec passion !
Nous écrivons en duo à la première personne et à deux points de vue depuis 2008. Ce choix résulte de nos personnalités, d’expériences d’écriture et de volonté. Ensemble, nous avons conclu après quelques années de partenariat, que la narration à la première personne du singulier nous correspond, car elle répond à notre vision du récit tel que nous voulons le transmettre. Les personnages que vous découvrez dans nos romans sont les narrateurs. Ils vivent l’histoire et vous invitent à la suivre de près, avec eux. Nous souhaitons vous faire plonger au plus près de nos personnages. Chacun d’eux avec sa sensibilité, son caractère, son vécu, ses envies, vous fait vivre à ses côtés le temps d’un voyage. Vous verrez à travers leurs yeux. La conception des romans que vous découvrez est notre signature, un art que nous peaufinons depuis plusieurs années.
Cette introduction pour vous en dire plus sur notre expérience, et vous montrer peut-être, auteurs ou lecteurs, qu’il y a un tout un raisonnement derrière ce choix de narration. Pour nous, en tout cas, il fait sens. Et maintenant, si on vous parlait des avantages et des inconvénients ?
Avantages :
- L’immersion : quand on écrit à la première personne, on plonge dans l’histoire avec le protagoniste. C’est notre cas en tant qu’auteures et c’est ainsi qu’à son tour le lecteur/trice partage les émotions du personnage dans chaque nouvelle situation de façon assez intime. Puisqu’on découvre l’univers à travers les sens du personnage principal, on vit ses actions. Le lecteur est impliqué dans l’histoire.
- Aller à l’essentiel : se concentrer sur le cœur de vie de l’histoire sans justifier ou expliquer ce que le personnage lui-même ignore. À la première personne, on peut se garder de donner certaines explications. Le lecteur l’accepte parce qu’il s’identifie et apprend avec le personnage.
- Style actif et rythmé : c’est quelque chose qui se travaille facilement avec l’emploi du « je ». De fait on est dans l’action directe. Si tant est que l'on construise un personnage qui a des ambitions et un caractère à être acteur.
Inconvénient :
- Ne pas entrer dans l’histoire : si votre personnage principal ne séduit pas le lecteur/trice, ne le touche pas à cause de sa personnalité, son histoire, ou n’intéresse pas le lecteur/trice, c’est tout le récit qui risque d’en pâtir. De la même façon que chacun de nous est sensible à certaines personnalités, la rencontre avec un roman à la première personne peut déplaire.
- Description de l’univers et sublimation : à la première personne, ne comptez pas sur l’omniscience du narrateur et les pensées des autres personnages pour sublimer votre héros/héroïne. Il faudra apprendre à choisir vos scènes et construire vos interactions pour vous offrir l’occasion de le faire de façon indirecte. Dans un univers SF ou Fantastique notamment, il faudra user de stratagèmes pour faire voyager votre public. Ce que votre personnage ne voit pas, personne ne le verra.
- Apprendre à s’extraire du personnage principal : commencer toutes les phrases par « je » est un des pièges de l’écriture à la première personne. Le risque serait donc d’écrire un roman très nombriliste sans prendre le temps de placer des réflexions aussi diverses et variées sur la diversité des expériences du personnage dans son univers.
En résumé, il n’y a pas un choix de narration plus facile qu’un autre. Chacun a ses avantages, ses pièges et ses difficultés. Ce qu’on peut toutefois retenir, c’est que si vous voulez vous sentir proche du personnage principal, du récit, et que vous aimez réfléchir et apprendre avec les personnages, l’écriture et/ou la lecture d’un roman à la première personne peut vous correspondre.
Cherylin A Nash & Lou Jazz
(Vous découvrirez prochainement un autre article consacré à l'écriture à la troisième personne)
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