Lesbiennes, football et judo - 2 livres lesbiens français incontournables
Lesbiennes, football et judo - 2 livres lesbiens français incontournables
« Jouer au foot », cela pourrait se résumer à tenter, par équipes de sept, de neuf ou de onze, de pousser un ballon au fond d’un filet pendant quatre-vingt dix minutes, le tout orchestré par le sifflet de l’homme en noir, de ses deux sbires et de leur drapeau digne du grand prix de Monaco, dans l’objectif de marquer plus de buts que l’équipe adverse.
Sommaire
1. Les lesbiennes dans le football en France
Au-delà de cette vision simpliste de la chose, le football mérite que l’on redore ses lettres de noblesse. Le football est un sport qui véhicule des valeurs universelles auprès de quarante millions de licenciés autour du globe et de plus de dix-mille filles, adolescentes et femmes (dont des lesbiennes) à travers l’Hexagone. L’esprit d’équipe, la ténacité, le dépassement de soi, la fierté de mouiller le maillot, de porter les couleurs de son équipe, l’entraide, l’amitié, le goût de l’effort, la persévérance, le respect de soi, de l’autre, des règles… sont autant de valeurs que l’on apprend en chaussant ses crampons.Le football, c’est aussi un sport dont les règles sont plutôt simples, accessible à une grande majorité dès lors que l’on possède deux sweatshirts pour matérialiser des cages et une vieille canette qui fera office de ballon.
Alors que le tableau dépeint semble soudain devenir tout beau et tout rose, l’univers du ballon rond, en France, s’avère pourtant, tel Dallas, relativement impitoyable avec les minorités et notamment LGBT+. L’histoire européenne du sport n’y est pas étrangère : un milieu d’hommes, régi à coup de testostérone, qui regarde d’un mauvais œil l’arrivée de femmes que l’on préfèrerait en jupette et au fourneau qu’en train de réussir un retourné acrobatique sur un terrain dominé jusque-là par le mâle. Pour preuve, la première participation d’équipes féminines aux épreuves olympiques de football ne date que de 1996 !
Aussi, si en plus d’être une femme, la footballeuse se révèle lesbienne… c’est le drame ! Quand on voit que les joueuses de l’équipe de France entrent sur le terrain plus maquillées qu’une troupe de danseuses pour Carnaval, cela questionne. Aucune d’entre elles n’a pu imaginer qu’un coup d’eyeliner était essentiel à la réussite de son prochain passement de jambes ! Ce sont donc bien les injonctions de têtes pensantes, pour ne pas parler d’autres parties de l’anatomie de ces décisionnaires phallocentrés, qui gouvernent l’image que l’on veut façonner de ces femmes en short et désormais maillots près du corps, évidemment bien plus adaptés à la course que ceux que portent les équipes masculines. On ne s’étonnera donc pas du peu de joueuses lesbiennes des équipes de première division ayant eu le courage de braver le tabou imposé par une fédération rétrograde et passivement homophobe en osant revendiquer leur sexualité.
2.
Les lesbiennes dans le football aux Etats-Unis
Dans son livre, « Bleu pour les filles », Alexia Damyl raconte le parcours de Théa, une footballeuse lesbienne de talent, qui finit par décider d’aller jouer outre-Atlantique, et on la comprend ! Pour rappel, il y a quelques jours l’US Soccer s’est engagé à verser un salaire à taux égal pour les membres des équipes nationales féminines et masculines. Aux États-Unis, faire son coming-out lesbien pour une joueuse de football n’a rien de diabolique et certaines sportives, comme Megan Rapinoe s’élèvent même désormais au rang d’icônes LBGT+.
3. Et le judo ?
Beaucoup moins médiatisé, le judo en France a aujourd’hui pourtant le mérite d’être bien plus paritaire dans le traitement et la mise en avant de ces athlètes comparés à d’autres sports. Du fait de leurs résultats exceptionnels (5 médailles aux JO de Tokyo), les filles sont d’ailleurs davantage sous le feu des projecteurs que leurs homologues masculins qui sont, excepté Teddy Riner, nettement moins performants sur la scène internationale depuis quelques années.
Et si la Fédération française de judo n’arbore pas fièrement le drapeau LGBT+ comme étendard (ne rêvons pas non plus), l’homosexualité féminine dans ce sport, en plus d’y être courante, n’y est pas une source de discrimination. De nombreuses judokates de haut niveau sont d’ailleurs ouvertement lesbiennes, et tant qu’elles mettent des "taules" à leurs adversaires, la question de leur orientation sexuelle est loin d’être la préoccupation première des instances fédérales.
D’autant que, contrairement aux footballeuses, le maquillage sur les tatamis y est interdit et le kimono, taillé de la même façon pour tout le monde, donne le même effet de pyjama un peu moche que ce soit sur un homme ou sur une femme. C’est beau l’égalité !
En revanche, là où le bât blesse, c’est au niveau de l’homosexualité masculine. C’est d’ailleurs un des constats d’Alice, l’une des héroïnes de « Chat noir » de Léana Baker. En effet, cette jeune judokate de haut niveau qui, alors qu’elle découvre l’amour dans les bras d’une actrice, se rend compte qu’elle ne connait absolument aucun judoka ouvertement bi ou gay dans son entourage, alors que statistiquement il doit forcément y en avoir. L’homosexualité au masculin dans le judo reste malheureusement, comme dans le sport en général, un sujet encore beaucoup plus tabou…
Biographie d'Alexia Damyl
Biographie de Léana Baker
Credit photo : Adobe stock
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