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Conseils d'une lectrice du comité de lecture avant de soumettre son manuscrit

| Zelda | Les conseils d'écriture

Conseils d

D’habitude, je lis. Là, je prends ma plus belle plume pour vous raconter mon quotidien de lectrice du comité de lecture de Homoromance Editions.

J’ai postulé un beau jour de juillet 2021 et depuis, comme une drogue, je lis, inlassablement, le manuscrit du moment. Parfois, quand mon emploi du temps est trop chargé, je fais une petite pause, mais au final, je finis toujours par revenir. Une drogue, je vous dis !

Être membre du comité me procure beaucoup de joie, je trouve ça hyper gratifiant de découvrir un roman en avant-première ! Et quand le roman voit le jour et qu’on découvre la couverture, on se dit qu’on a un peu participé (en moindre mesure, bien évidemment) à sa publication.

En 3 ans, j’ai lu une trentaine de manuscrits. Et à force d’en lire, d’en faire des retours, je me suis dit qu’il serait intéressant de donner quelques petits conseils pour tou.te.s les auteurices qui souhaitent se lancer dans l’aventure. Des conseils sortis de mon retour d’expérience afin de vous aider (et aussi de nous aider nous !). Vous êtes prêt.e.s ?

Sommaire

1. Faites relire votre manuscrit

Je vous en supplie : faites-le lire et relire… Ne demandez pas cette tâche à une personne que vous connaissez, elle sera susceptible de manquer d’objectivité, pas obligatoirement, mais c’est une grande chance et ça ne vous aide pas.

2. Utilisez un logiciel de correction

Plusieurs fois, j’ai donné un retour négatif rien que pour les fautes. HR a des correcteurices, oui, mais ce n’est pas leur job de corriger des “s” en trop ou des verbes mal conjugués. Si je vois un manuscrit avec au moins trois ou quatre fautes par page, je ne le lis pas jusqu’au bout, c’est désagréable au possible. Un logiciel de correction + un.e bêta est l’idéal pour envoyer un manuscrit que la personne du comité sera ravie de lire. 

Ils existes de nombreu groupe facebook pr trouvé des personne qui aimes lire et qui en on meme l’abitudes.

(pas agréable, hein ?)

Lisez aussi cet article :
La bêta-lecture : définition, attentes
et relation auteur/bêta-lecteur 

3. Homoromande éditions a une charte/norme

N’oubliez pas de la respecter. Il y a des polices d’écriture pas forcément agréables à lire. Garamond est parfaite pour l’exercice ! Le plus simple est de télécharger le modèle mis à votre disposition sur cette page. Simple et efficace à utiliser vous avez juste à écrire directement dessus !

4. Un ennemi redoutable

Le verbe faible ! Être, avoir, dire, aller, donner, parler, etc. en somme, des verbes qu’on emploie tous les jours et qui montrent que oui, on sait parler, mais pas l’entièreté de la richesse de notre vocabulaire.

Par exemple, nos verbes d’incise sont souvent tous les mêmes : “blablabla, dit Micheline” - “blablabla, répondit Gertrude”, bon, une ou deux ou trois fois, d’accord, mais lorsque tout le manuscrit ne contient que ces mêmes verbes, ça peut être rébarbatif... alors que ““blablabla, annonça Micheline” - “blablabla, répliqua Gertrude”, c’est quand même mieux, non ?

5. Les “qu-” à tire-larigot

“C’est moi qui lui ai demandé, voulant être sûre qu’elle arriverait en sécurité et qu’elle allait bien. Je n’ai pas envie qu’elle ait un accident parce qu’elle a roulé trop vite.”...

Il existe beaucoup de manières de réécrire cette phrase pour éviter les nombreux qu-.

“Je lui ai demandé, car je voulais m’assurer de son arrivée en toute sécurité. Je n’ai pas envie qu’elle (ah oui on peut en garder un quand même !) ait un accident à cause de la vitesse.”

Notre langue est belle et pleine de subtilité, utilisons-la !

6. Les répétitions tout autant à tire-larigot !

Quand je lis un manuscrit et même si je ne les cherche pas, elles me sautent aux yeux !

Exemple :

Paula entra dans la pièce alors qu’Henriette, elle-même, entrait dans la cuisine.

ou encore

Nous avons convenu qu’au travail, on ne discuterait pas de cette histoire et que notre relation de travail resterait la même.

Il existe de très bon sites pour trouver des synonymes, je donne mon préféré : https://crisco4.unicaen.fr/des/synonymes/utiliser.

7. La ponctuation

Sur toutes mes lectures, je remarque un gros manque de virgules : avant les verbes d’incise, mais, car etc. Cela rend la lecture un peu difficile. Une image était passée sur les réseaux pour illustrer ça :

“On va manger les enfants”

et

“On va manger, les enfants”.

Vous voyez ? La virgule a un rôle important, il ne faut pas l’oublier. Elle n’est pas le seul signe oublié ou mal employé. Il existe des tonnes de cours sur le net pour se familiariser avec les règles d’utilisation.

8. Parlons des émotions

Pour nous attacher aux personnages, nous avons besoin de nous identifier à eux. Et pour cela, on doit savoir ce que les protagonistes pensent et ressentent. Si Simone perd malencontreusement son meilleur ami, mais qu’elle fait comme si tout allait bien, on ne la trouvera pas crédible, donc on ne s’attachera pas à elle. Si Paulette subit un trauma, on va trouver ça dommage. Mais si elle nous explique comment elle ressent et vit les choses, on va avoir de la peine et là, on va s’attacher à elle. Si Bernadette est triste, il faut écrire sa tristesse, si elle sent ses entrailles bouillir de bonheur, il faut l’écrire aussi. Les émotions, c’est un pont entre auteurice et lecteurice.

9. Les points importants survolés

Imaginez un post-apo où un virus tue tous les hommes (« toute ressemblance avec une trilogie existante serait purement fortuite »). Il ne reste que les femmes (oui oui, fortuite). Mais si on réécrit l’histoire et qu’on ne parle pas du moyen de nous assurer de la survie de la civilisation, il va nous manquer “un truc”, non ? Et piiiiire, cela va provoquer en nous de la frustration ! Reprenons l’histoire de Bernadette qui est triste. Imaginez qu’on ne sache jamais pourquoi ? Frustrationnn… Si vous décidez de traiter un sujet important, il est important de le faire jusqu’au bout pour prendre soin de la frustration des lecteurices.

10. Les incohérences

Imaginez, si dans notre post-apo où ne vivent que des femmes, on lit que des hommes se baladent dans la ville ? Imaginez encore que, Henriette, invitée chez Solange et Paula, se faufile dans le lit conjugal de ses hôtesses et que “étrangement”, Paula est toute seule (ça tombe drôlement bien, c’est elle qu’Henriette voulait voir), c’est la nuit, Paula accueille Henriette avec joie, ne se demande même pas où se trouve sa nana et elles font leurs petites affaires sans crainte que Solange ne revienne…. Dernier exemple : imaginez un roman où on nous dit que Chantal est d’une bienveillance incroyable, mais qu’elle insulte tout le monde ? Étrange, non ?

11. Les personnages

La description physique n’est pas ce qu’on attend le plus car souvent, on préfère même faire appel à l’imagination. Par contre, la connaître elle, en long, en large et en travers, ça, c’est important. Son passé, ses envies, ses émotions, ses passions, toutes les raisons qui font qu’elle agit de telle ou telle manière, tout ce qui explique son “pourquoi”. C’est aussi par cette description qu’on va pouvoir s’identifier. Vous devez vous-même connaître vos personnages par cœur avant de les incarner, c’est nécessaire pour les rendre crédibles.

12. La romance met trop de temps à arriver

La ligne éditoriale d’Homoromance éditions implique obligatoirement une romance dans votre manuscrit. Nous devons donner notre avis sur plusieurs thèmes différents, dont “la romance”, si votre romance est peu ou mal construite ou si elle arrive trop tard, le retour sur cet item fera forcément baisser le retour général.

Et je ne parle pas des “je t’aime” au bout du deuxième “date” ! C’est flippant ! Perso si ça m’arrive, je fuis à l’autre bout de la planète ! C’est un stéréotype lesbien (au même titre que le camion de déménagement) qui ne laisse pas forcément au lecteur le temps de savourer la mise en place du couple, sans forcément attendre un slowburn.

13. La patte de l’auteurice

Lire un manuscrit sans fautes, sans erreur de français en général, c’est top ! On aime ! Mais si l’écriture est “trop parfaite”, ce n’est pas forcément un sans-faute. Imaginez Paula qui atterrit dans le monde post-apo, sans hommes et là… tous les protagonistes parlent exactement de la même manière.

Imaginez que tou.te.s les auteurices de toutes les ME du monde utilisent exactement les mêmes dialogues, la même grammaire ? On aurait l’impression que tous les protagonistes des histoires ont le même caractère.

Avoir une patte de l’auteurice, une patte qui va vous différencier de tou.te.s les autres, c’est donner de l’âme à votre écriture et ça, c’est encore mieux que des phrases parfaitement parfaites (on parlait justement des répétitions…).

14. L’originalité

Certains sujets sont plus exploités que d’autres. Seulement, à force de les lire, on en vient à déjà connaître la fin (= frustrationnnn ou désintérêt). Donc si un sujet a déjà été écrit une paire de fois, il vaut mieux trouver un scénario plus original que les autres pour éviter qu’on arrête avant la fin de la lecture ou même risquer qu’il ne soit pas admis par la maison d’édition.

Attention, tous ces petits conseils ne sont pas une vérité absolue, enfin, sauf celui de collaborer avec un.e bêta, parce qu’à force, on n’en peut plus de lire son manuscrit, on ne repère plus les fautes et les incohérences sont cohérentes (oula, répétition et verbes faibles). Ils sont le fruit de trois ans de lectures chevronnées au sein du comité de lecture et j’espère que cela pourra vous aider dans la rédaction de votre bébé.




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