Être auteure lesbienne ou auteur gay ne semble pas poser problème... Et d'ailleurs, qui cela intéresse la sexualité des auteurs ? Le débat revient pourtant régulièrement dans la communauté : avez-vous le droit d'écrire sur une sexualité qui ne vous concerne pas ? Une hétéro peut-elle écrire une romance gay, un hétéro une romance lesbienne, une lesbienne écrire une romance trans, etc...
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J'ai posé cette question sur mon profil il y a plusieurs semaines à un groupe d'auteur.e.s, auteure lesbienne / hétéro / bi / trans.
Mon idée était d'écrire une romance entre une femme noire et une femme blanche, avec une intrigue supplémentaire de transidentité, homme vers femme, pour la femme blanche.
Autant vous dire que l'idée trans, je l'ai rayée, effacée (temporairement), et pour l'heure je ne m'y aventurerai pas vu les polémiques que cela engendreraient (cette communauté est très sensible et je n'ai pas de temps à perdre) ! J'ai pourtant une "âme" plus agenre et bispirituelle, mais bon... affaire à suivre.
Il n'en reste pas moins que cette interrogation est plus subtile, plus vicieuse même, quant au fait de se demander : Suis-je, êtes-vous, sommes-nous, assez légitimes pour écrire de la romance sur telle ou telle sexualité ?
Cette question vous paraît stupide ? Eh bien j'apprends que dans le monde du MM (Mâle/mâle) ou BB (Boys/Boys) elle n'en reste pas moins un débat qui fâche.
Mais qui est fâché ? me demanderez-vous... Les auteurs critiqués par les lecteurs des "communautés" ciblées qui mette en exergue une évidente incapacité à se mettre psychologiquement dans la peau d'un homme gay, pour comprendre, savoir, ce que cet homme ferait, comment il réagirait, ce qu'il penserait, etc...
Pourtant, de ce que j'ai compris, les exemples sont multiples de femmes auteures qui interprètent avec brio et talent ces romances...
Voilà la vraie question, celle qui dérange : n'est-ce pas plutôt une question de talent d'interprétation ? De faculté d'empathie ? Au-delà de la recherche sur un sujet comme la transidentité, il me semble que n'importe quel auteur qui a ce talent, ce don de ressentir ses personnages, sera capable d'interpréter, s'il y a lieu, la souffrance, l'exclusion, l'anxiété, la dépression, la joie, l'amour, le désir, etc, que peuvent ressentir tout individu.
Bien sûr, ça rejoint encore et toujours ma vision fantasmée/utopique, de l'humain en tant qu'unité : je n'aime pas dissocier les hommes des femmes, en communauté et sous communauté, car nous sommes tous égaux face à la douleur ou au bonheur. (Suffit de voir dans quel état ère le monde depuis le début de l'épidémie de Coronavirus). Selon moi, les émotions sont des universelles.
Je ne saurai donc vous conseiller qu'une seule chose: Ecrivez ce que vous voulez... et peu importe l'avis des lecteurs. Il y aura toujours des personnes qui viendront vous pondre des commentaires ou pseudos analyses pour vous prouver que vous êtes mauvais, car tout est critiquable, et aisément quand on sait manier les mots et jouer avec leurs sens. Et peu importe. L'essentiel est de vous faire plaisir.
A l'ère de la multiplication des diversités sexuelles et mentales, plus rien ne peut être figé dans les "normes" si précieuses aux esprits moyenâgeux et sclérosés par le manque de réflexions. C'est d'ailleurs ironique vous ne trouvez pas ? Que des personnes concernées par les différences sexuelles viennent vous dire, à vous, quoi et comment écrire alors que le nombre de lettre du LGBTQQIP2SAA (etc..) ne cesse de s'agrandir...
Parce que ce débat amène une évidente division dans la communauté LGBT, leurs auteurs et leurs "alli.é.e.s".
Sur le vaste continent des arts, chacun fait ce qu'il veut, tant qu'il n'enfreint pas la loi. Là encore, cela dépend aujourd'hui de la sensibilité de chacun car la justice ne démarre plus aux portes des tribunaux : certains pensent qu'ils peuvent l'appliquer sur les réseaux sociaux.
Il n'y a qu'à voir ce qui est arrivé à Yvan Godbout publié chez nos confrères de Ada parce qu'une puritaine a décrété qu'un passage du livre livre de l'auteur était une éloge à la pédophilie. Non mais où va-t-on ?
Pourtant, aussi incroyable que cela va vous paraître, c'est une question qui se pose dans le débat LGBT+
Comme dans tous les débats, les avis sont très partagés, l'émotion s'en mêle, les fils de discussions s'enflamment sur les réseaux sociaux, chacun prêchant pour sa paroisse et sa "pseudo" légitimité pour écrire sur un thème plus que d'autres...
Pensez-vous que tous les auteurs de thriller ont fait des études en criminologie ? Qu'il faille être médecin légiste pour établir qu'un meurtre a été commis avec une arme blanche et non un glock19 ? Ou encore qu'il soit nécessaire qu'un auteur ait fait l'armée, qu'il soit embauché dans les forces spéciales ou qu'il soit pilote de ligne pour écrire sur une prise d'otage dans un Boeing 767 ? Non, bien sûr que non... La recherche est importante, indispensable, mais ce n'est pas pour autant qu'un auteur doit obtenir un doctorat pour "avoir le droit" d'écrire sur un sujet dont les détails techniques sont inutiles au commun des mortels pour saisir l'intrigue principale et l'essence de son imaginaire...
Soit il a le talent, soit il ne l'a pas ! Point.
Puis dans le LGBT... excusez mon cynisme, mais c'est à mourir de rire de voir de tels débats alors que les meilleurs vendeurs sont une poignée à passer le cap des 10.000 exemplaires vendus.
C'est se prendre vraiment pour des gens qu’on n’est pas...
Je ne peux être qu'à moitié d'accord avec cette affirmation.
Bien sûr que l'expérience est un plus, autant qu'un surfeur saura mieux raconter l'adrénaline qui monte en partant sur une "droite" après avoir senti la peau râpeuse d'un squale effleurer sa jambe... Rien qu'en notant cette phrase, comment pourriez-vous savoir si j'ai vécu cette aventure ou non sans me connaître personnellement ?
Est-ce pour autant qu'un auteur, dont le métier ou la passion EST l'imaginaire, ne saura pas imaginer les émotions, les sensations, pour avoir le talent et la plume de retranscrire l'expérience ?
Des femmes hétéros n'écrivent que de la romance gay, et visiblement, elles excellent dans leur tâche. D’autant que certaines ont des pseudos masculins, rendant l'illusion parfaite !
J'ai lu de la romance lesbienne écrite par des hommes hétéros, et là encore, certains excellaient dans le descriptif des émotions... Et pour la petite histoire, j'ai lu des romances lesbiennes écrites par des femmes lesbiennes qui ne me faisaient RIEN ressentir !
Ça ne signifie pas que certains auteur.e.s ne sont pas à côté de la plaque. Autant que des auteurs ne savent pas écrire de la SF, des thrillers, ou des genres qui ne sauront pas retranscrire. L'excellence et la médiocrité existent à tous les niveaux, sur tous les plans de la littérature, qu'il s'agisse d'auteur.e lesbienne, gay, bi ou trans !
Est-ce qu'un personnage gay totalement efféminé avec des émotions typiquement féminines sera "faux". Non! Parce que ce genre d'homme gay existe aussi.
On pourrait aussi se demander : pourquoi l'écriture de romances gays devrait uniquement être attribuée aux hommes gays ?
J'aimerai répondre par une autre question : de quel droit telle ou telle communauté ou sous-communauté de genre, de sexualité, de religion, se permettrait d'interdire à des auteurs d'écrire ?
A ceux-là je leurs dis "MERDE !" On écrit sur ce qu'on veut....
On nous dicte déjà ce qu'on a le droit de dire et de ne plus dire... Va-t-on vraiment nous imposer quoi écrire ?
A quand le délit de "penser" ?
C'est mon analyse. Je ne dis pas qu'elle est juste. Mais je l'ai faite et je vous la partage !
Auteure : Kyrian Malone
Biographie : Auteure de romans lesbiens et gays, Fondatrice d'Homoromance Editions, Kyrian Malone oeuvre dans la visibilité de la littérature LGBT+ depuis plus de dix ans.
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Pardon de répondre si tardivement, et merci pour le commentaire étayé
Alors pour une raison que j'ignore, c'est vrai que les premières lectrices de MM sont des femmes.
Pour le FF, c'est pourtant bien les LGBT+ qui les lisent en très très grande majorité. C'est sans doute pour cette raison que le MM a beaucoup plus de succès, parce que la niche des femmes hétéros est bien plus grande que la niche des femmes lesbiennes ou des hommes gays.
Nous aimerions qu'ils le soient, oui, seulement, combien de LGBT+ savent qu'il existe cette diversité dans la littérature ? Très peu. Chaque jour nous avons des retours de lecteurs qui découvrent à leur grande stupéfaction l'existence du FF ou le MM.
Petits éditeurs que nous sommes (y compris les plus grands) aucun n'a les moyens de financer des pubs d'ampleurs pour prévenir les LGBT+ de l'existence de ces titres. Et je n'évoquerai pas le non soutiens des magazines ou revues qui nous contactent uniquement pour nous vendre des espaces publicitaires hors de prix.
En tant qu'auteur moi-même, je vous répondrai que j'écris d'abord pour moi. Peu m'importe l'identité de genre ou de sexe des gens qui vont me lire, ça me passe au-dessus... d'ailleurs, des lesbiennes ont déjà été choquées par plusieurs de mes textes où la violence était de rigueur de la part d'une femme (qui se sentait homme jusque dans ses hormones sans trouver l'explication adéquate) et tant pis.. De toute façon, on ne peut pas plaire à tout le monde, LGBT ou non.
J'ai fait des transcriptions de FF en MM où certains m'ont lynché, et où d'autres ont adoré.
Mais en aucun cas personne n'a le droit de dire à un autre quoi écrire et pour qui écrire. Notre art nous appartient