La femme du crépuscule
— Et avec tout ça tu as encore la place de m’aimer ? Tous les noms que tu viens de me citer… Elles ont ton âge ou à peine dix années de plus. J’en possède cinquante et quelques en plus.
— Je croyais que l’âge n’avait rien à faire dans notre relation ? J’ai appris à te connaître dans tes plus jeunes rôles. Tu as une image intemporelle. Enfin, je veux dire, tu as été fixée sur la pellicule à tous les âges de ta vie. Je t’aime à vingt ans, comme à soixante, à trente comme à cinquante. Et à quarante comme à soixante-dix. Je pourrais te citer d’autres actrices de ton âge, mais ce n’est pas ce que tu souhaites n’est-ce pas ? Au fond… Au fond…
Devais-je aller au bout de ma pensée ? Ne devenais-je pas trop arrogante ? Ne prenais-je pas trop mes aises ?
Mes mains se posèrent sur ses genoux.
— Au fond, tu aimerais que je n’admire que toi ?
Son sourire s’effaça et j’approchai mon visage du sien. Mon esprit embrumé était comme pris par un désir puissant. Je voulais qu’elle me dise oui. Qu’elle me confirme qu’elle tenait à moi et que la jalousie la consumerait si j’admirais d’autres actrices. Je voulais être seule dans son cœur comme elle était seule dans le mien. Je devenais égoïste et froide. Je me faisais peur. Et si quelqu’un était en train de manipuler l’autre ici, ce n’était pas elle.
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