Zone de Turbulence
EXTRAIT
Parce qu’en meilleur état, je devais être capable de réfléchir et de décider de la suite des choses. Je m’installai sur ma chaise, à une heure où il n’y avait personne. Je fixai l’eau, le plus intensément possible. Je fermai les yeux, me mis à méditer. Inspiration, expiration, inspiration, expiration… me concentrer sur le souffle qui entre en moi, qui sort de moi. Ce fut long, mais un à un, les souvenirs se mirent à défiler dans ma tête.
Un imposant cortège d’images parfois belles et exaltantes, mais la plupart du temps tristes et culpabilisantes. Ma rencontre avec Pascale, mes confidences à Jean-Marc, ma mère, Anne-Marie. Mon aveu à François et ses yeux bleus qui s’assombrissent. Ma découverte du corps de Pascale et ses yeux verts qui s’éclairent encore davantage. La colère de Maude quand elle comprend la situation et ses yeux dont je ne reconnais plus la couleur. Mes pleurs interminables chez ma psy, mes nombreuses migraines. La sur-stimulation de mon cerveau, les montagnes russes de mon esprit. L’impression de m’être perdue en cours de route. Mais au-delà de tout, la peine. Cette peine cuisante qui me dit que je ne m’en sortirai pas. Ou plutôt que, inévitablement, je blesserai quelqu’un.
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