Les Nuances oubliées
Il freina à peine pour immobiliser son véhicule. Perdu dans ses pensées, il avait levé le pied de l’accélérateur et la voiture était presque à l’arrêt, à l’entrée d’une grande cour. Il lâcha le volant, les mains moites et tremblantes et les essuya sur son jean, nerveusement.
Il songea à la boîte qui se trouvait à côté des sacs, sur la banquette arrière.
Un soupir lui échappa.
Il n’était plus temps de reculer. Pas après avoir parcouru un si long chemin.
Il eut une pensée pour sa mère qui avait été heureuse ici, il eut une pensée pour l’homme qui vivait là et qui saurait quoi faire de ces objets du passé.
Non, il ne pouvait pas reculer.
Il prit une profonde inspiration et remit les mains sur le volant à l’instant même où la porte d’entrée de la grande maison en bois s’ouvrit.
Il se concentra sur les battements de son cœur, comme Cal lui avait appris à le faire durant leur enfance. Un doux sourire s’esquissa sur son visage à la pensée de son meilleur ami.
« Les autres tombent Rainy, mais toi, tu seras toujours celui qui reste debout. »
Rain gara finalement la voiture sur ce qui ressemblait plus ou moins à un emplacement. Il ne quittait pas des yeux l’homme qui s’était appuyé contre la balustrade, laquelle semblait faire le tour de la maison, délimitant ainsi la large terrasse couverte de la demeure. C’était un bâtiment splendide qu’il prendrait le temps d’admirer plus tard, quand il n’aurait plus envie de vomir.
L’homme était relativement petit. Son visage n’était pas clairement perceptible depuis la voiture, mais il devinait qu’il avait un certain âge. Une épaisse chevelure blanche assortie à une barbe de même couleur tombait en cascade sur ses épaules, lui donnant l’air d’un sage. Ou d’un fou. Le jeune homme n’avait pas encore décidé.
L’homme le fixait, ses yeux clairs ressortant de façon presque insolente sur son visage buriné par le soleil, le plein air et le temps.
— Tu as besoin d’un lieu sûr, petit ? demanda- t-il d’une voix rauque et puissante.
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