Rencontre accidentelle
► Auteure : Kadyan
► Nombre de mots : 67 239
► Genre : Romance, aventure
► Public : Tout public
► Niveau d'érotisme : ★☆☆☆☆
Allison leva la main pour la passer dans sa chevelure, mais suspendit son geste. Se décoiffer en cours de voyage alors qu’elle n’aurait pas la possibilité de rectifier sa coiffure était hors de question.
— Pouvez-vous m’indiquer les locaux de… Tipi Air, s’il vous plaît ?
— C’est facile. Vous sortez et prenez à droite. Vous verrez le hangar avec leur logo et leur nom.
Un hangar ? De mieux en mieux. Jessica, Jessica, Jessica…
Inspirant un grand coup afin de calmer son énervement naissant, Allison remercia et, tirant sa valise, prit la direction indiquée. Après une dizaine de minutes de marche, lorsqu’elle pénétra dans ce qui passait pour un bureau d’accueil avec des sièges, elle ne vit personne. Un peu plus énervée, elle regarda par la vitre de séparation entre cette pièce et le hangar. Deux hommes debout, un gobelet à la main, semblaient en grande conversation. La discussion devait être joyeuse, car Allison les vit rire. Elle retint un soupir d’exaspération. Mais dans quoi l’avait embarqué Jessica ? Un moment, elle eut l’idée de l’appeler afin de lui donner sa façon de penser, mais la batterie de son téléphone était trop faible et elle n’avait pas encore cherché une prise pour le recharger. En plus, vu de Whitehorse, cela ne servirait à rien, juste à passer ses nerfs sur quelqu’un qui faisait tout pour lui faciliter la vie. Puisque Rome ne vient pas à moi, j’irai à Rome.
Sans hésiter, malgré le panneau d’interdiction d’entrer, Allison ouvrit la porte de séparation et se dirigea vers les deux hommes. L’odeur de kérosène et d’huile mélangés la prit à la gorge.
— Excusez-moi, messieurs…
Surpris, les deux hommes se tournèrent vers elle. Soudain gênée, Allison suspendit ses mots. Un des deux était une femme. Avec les cheveux très courts et les vêtements masculins, de loin, elle n’avait pas réalisé. Le visage, lui, ne laissait aucun doute sur le sexe. La beauté des traits la frappa.
— Désolée…, madame… de loin…, bafouilla Allison, énervée de sa réaction. J’ai un vol pour Dawson City avec Tipi Air et…
— Ah, Teddy, hurla l’homme avec une voix de stentor. La passagère est enfin là !
Allison grimaça. La femme sourit en mettant son auriculaire dans son oreille.
— Vini a une voix très puissante, confia-t-elle à la nouvelle arrivante avant de s’adresser à lui : eh, l’ami, tu viens de m’exploser les tympans !
— Comme toujours, tu exagères, Miky, répliqua celui-ci en riant.
L’homme, Vini, n’était pas grand, mais la largeur de son torse était impressionnante. Tout en lui criait Peuples Premiers, les cheveux longs, noirs, attachés en queue de cheval ; les yeux couleur de nuit ; la peau cuivrée. Sa voix lui correspondait parfaitement.
— Je suis Mike ou Miky. Lui, c’est Vini.
Allison hocha la tête, mais ne donna pas son nom.
— Vous travaillez pour Tipi Air ? demanda-t-elle d’un air dédaigneux, indiquant qu’ils ne bossaient pas beaucoup.
— Nous ? rugit Vini en s’esclaffant. Non, nous attendons notre wagon à bestiaux pour Dawson City, comme vous !
Wagon à bestiaux ? Les sourcils d’Allison remontèrent sur son front. Un frisson lui parcourut l’échine. Jessica, Jessica, Jessica…
— Si tu traites mon avion de wagon à bestiaux, tu vas pouvoir rentrer à pied, Vini ! dit un homme aux cheveux grisonnants ébouriffés en se rapprochant d’eux.
La salopette grise qu’il portait avait vu des jours meilleurs. Des taches sombres la maculaient de partout. Tout en marchant vers eux, il s’essuyait des mains noires sur un chiffon sale. Les rides bien visibles encadraient des yeux bleus perçants.
— Bonjour, madame, dit l’homme d’une cinquantaine d’années, je suis Teddy White, votre pilote. Nous vous attendions pour partir. Je suis désolée que Katy n’ait pas pu aller vous accueillir, mais elle a eu une urgence médicale avec son fils et j’étais occupé.
Un peu surprise de toutes ces explications, Allison se contenta de hocher la tête.
— Prenez un café pendant que je me change, dit le pilote en désignant le thermos. Mike, tu veux caser le bagage de madame dans la soute pour aller plus vite ?
— Sans problème, Teddy, je m’en charge, répliqua Mike en coulant un regard amusé à Vini. Je laisse Vini tenir compagnie à madame.
Alors que Mike s’emparait de la valise d’Allison et commençait à marcher vers l’extérieur du hangar, Teddy la stoppa.
— Comme c’est une petite valise, vois si tu ne peux pas y glisser en plus quelques-unes de ces boites.
Teddy pointa vers un tas de cartons stockés sur un côté du hangar.
— Tu n’as pas peur pour le poids ?
— Nan, c’est juste des nouilles déshydratées pour Françoise. On peut même défaire les cartons si ça t’arrange. Il y a un cutter posé sur le rebord.
Allison se demanda un moment si elle ne devrait pas filmer la scène. Elle hallucinait. Dans quoi était-elle tombée ?
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