Heureux Elu, vraiment ?
- Genre : Roman gay - Comédie, drame
- Sortie : 15 septembres 2016
- Format : Format Epub sans DRM
- Taille du fichier : Kb
- Nombre de pages de l'édition imprimée : 360 pages
- Langue : Français
- ISBN-10: 1539434567
- ISBN-13: 978-1539434566
Extrait
L’avenue était interminable, bordée des mêmes peupliers rabougris par les gaz d’échappement et des mêmes barres HLM ternies par les ans. Le soleil avait plongé de l’autre côté de la ligne d’horizon, dispensant ses derniers rayons avant de laisser place à l’obscure lumière électrique des lampadaires qui commençaient à s’allumer. Timothée ralentit son allure, voyant s’ébaucher au loin les grilles du parking de son immeuble. Il n’avait pas envie de rentrer chez lui, de retrouver l’appartement désert, les murs froids, le craquement solitaire des meubles, les conversations muettes, la télévision pour seule compagnie. Il avait déjà retardé ce moment le plus longtemps possible, passant faire quelques courses après avoir donné son cours de soutien. Il voyait déjà comment se dessinerait sa soirée : les devoirs, un plat surgelé en guise de repas, un coup de fil de Carlsen-Lévy, un autre de son frère un peu plus tard, un mail à Sei et s’il lui restait encore une poignée d’énergie, il lirait un peu avant d’aller se coucher. Timothée se sentait l’âme d’un quadragénaire... Il ne lui manquait plus qu’un chat pour compléter le cliché du vieux garçon...
Les aboiements d’un vieux cabot décrépi que promenait le concierge de son immeuble interrompirent ses pensées moroses. Timothée soupira. Nul ne pouvait contrer la toute-puissance des stéréotypes... Lorsqu’ils arrivèrent au même niveau, ils se saluèrent et échangèrent les civilités d’usage avant de se séparer. Épuisé par les sourires forcés, las de différer sa prise de décision quant au chantage de Carlsen-Lévy, Timothée ne comprit pas immédiatement, lorsqu’il passa près du petit square, que sa montre sonnait. Il avait entendu le bruit strident et désagréable, mais ne soupçonnait pas vraiment qu’il pouvait émaner de son propre poignet. Il demeura presque une minute entière immobile, à tenter de déterminer l’origine de ce son qui avait éclaté sans prévenir. En balayant les alentours du regard, il aperçut un type, la vingtaine, beau gosse, debout, comme pétrifié, qui le fixait l’air ahuri. Avec peine, il distingua les yeux sombres comme ourlés de khôl ridiculement écarquillés, le petit nez droit et viril dont les narines semblaient palpiter de crainte, les lèvres charnues et tendres entrouvertes dans une expression de stupeur figée, le visage carré et mal rasé caressé par quelques mèches brunes légèrement ondulées qui lui coulaient gentiment sur la nuque et les joues et amplifiaient le charme déplacé qui se dégageait de sa physionomie malgré sa pantomime exagérée.
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