Nos 20 questions à Alexandra Lafitte
C'était en avril dernier, HR Editions publiait le premier recueil de nouvelles saphiques "Rencontres au gré du vent" d'Alexandra Lafitte. L'auteure s'est prêté récemment à notre nouveau concept de questions/réponses "nos 20 questions à...", concept nous permettant d'en savoir un peu plus sur tous les auteurs que nous publions et qui participent à l'émergence de la littérature LGBT dans la francophonie.
Qu’est-ce qui vous a donné envie d’écrire ce livre ?
Sortir, voir du paysage, voir des gens. C’est d’ailleurs pourquoi on y retrouve surtout les thèmes du voyage. Ce n’est pas en restant chez soi qu’on fait des rencontres ! Mais on peut passer sa vie sur les routes sans en faire non plus. Voilà pourquoi je voulais écrire des histoires ayant comme principal sujet la volonté d’agir. Saisir les opportunités qui se présentent, tenter sa chance, ne pas remettre au lendemain et croire en soi. Ce sont des valeurs que j’aimerais davantage mettre en pratique dans ma vie de tous les jours !
Quels ont été vos processus d’écriture, de l’idée à la rédaction jusqu'à la finalisation ? Combien de temps cela vous a-t-il pris ?
Les nouvelles sont pour moi une méthode rapide et efficace d’exprimer des impressions vives et éphémères. J’aime beaucoup ce format, ce qui permet de ne pas avoir à rester plusieurs mois sur une même histoire. Inspirées de faits réels, mes nouvelles sont souvent l’aboutissement d’une occasion manquée. La vie est une énorme source d’inspiration et je trouve dommage qu’on ne prête pas plus attention à toutes ces petites choses qui font notre quotidien. Rencontres au gré du vent, c’est un peu un condensé de mes réflexions sur le sujet. Commencé il y a deux ans, où j’ai écrit la majeure partie des nouvelles pendant l’été, j’ai laissé le sujet en suspend pendant plusieurs moi. Il me manquait encore une grande nouvelle pour compléter le recueil. C’est en octobre que j’ai repris la plume pour écrire L’art de rompre une malédiction. Puis j’ai laissé le tout prendre la poussière jusqu’à ce qu’on me pousse à tenter la publication. Je remercie ma meilleure amie pour ça, d’ailleurs !
Quelle(s) difficulté(s) avez-vous rencontrée pendant l’écriture de ce livre ? Comment les avez-vous surmontées ?
Le plus compliqué dans un recueil, c’est certainement de choisir quelles nouvelles y mettre. Il faut les rassembler autour d’une thématique, trouver l’ordre dans lequel les placer, structurer l’ensemble pour en faire une seule œuvre. Je ne pense pas avoir éprouvé de difficultés dans l’écriture même, le format court n’étant pas vraiment sujet au syndrome de la page blanche.
Avez-vous eu envie de toucher un lectorat particulier ? Des jeunes femmes, des hommes ?
Je n’ai pas particulièrement voulu cibler un public particulier, écrivant avant tout par besoin de coucher sur papier les réflexions qui me travaille l’esprit. Mais en ce qui concerne Rencontres au gré du vent, je pense que les jeunes femmes seront plus à même de s’y retrouver, bien que je serais ravie d’avoir un lectorat masculin également.
Avez-vous toujours eu envie d’être écrivain ?
J’ai toujours adoré inventer des histoires. Je me suis mise à écrire au début de mon collège. Mais ce n’est qu’au lycée que j’ai vraiment envisagé de devenir écrivain. Malheureusement, il ne suffit pas de vouloir écrire pour pouvoir en vivre ! J’espère y arriver un jour en gardant mon âme d’enfant et l’imagination qui va avec !
Quand écrivez-vous ? Avez-vous un rituel d’écriture, des horaires ?
J’écris dès que je le peux, à chaque temps libre. L’avantage des nouvelles technologies, c’est qu’on peut écrire n’importe où. Le train est pour moi l’endroit le plus propice à l’écriture. Encore étudiante et ne pouvant pas me consacrer pleinement à cet art, je n’ai pas de rituel spécifique, bien que j’écrive surtout en soirée, parfois jusque tard dans la nuit. Seul impératif, écouter de la musique, qu’importe le style.
Que représente l’écriture pour vous ?
L’écriture, c’est coucher sur papier tout ce qu’on a en tête. C’est en quelque sort donner vie à notre imaginaire. S’échapper du réel, créer de nouvelles choses, imaginer des mondes… L’écriture n’a de limite que notre imagination. C’est ce qui me fascine dans ce métier.
Aimez-vous lire ? On dit souvent qu’il faut beaucoup lire pour écrire, qu’en pensez-vous ?
J’aime bien lire, mais je lis peu. Lorsque je lis, j’ai l’impression de ne pas mettre à profit le temps que j’ai. C’est frustrant.
Je pense que ce peut être à double tranchant. En effet, lire nous donne la connaissance de ce qui se fait et permet de s’inspirer, de mettre en parallèle son style avec celui des autres. Mais la lecture peut aussi être un handicap, car on est tenté de reproduire ce qu’on a lu. La connaissance est l’ennemie de la créativité. Il faut trouver l’équilibre entre les deux.
Avez-vous des projets d’écriture ? Pouvez-vous nous en parler ?
J’écris actuellement un roman de science-fiction, Immersio, qui n’a rien à voir avec l’univers de mes nouvelles, étant bien plus sombre et psychologique. C’est l’histoire d’une jeune étudiante, qui, au cours d’un rêve étrange, rencontre son inconscient, qui lui apprend l’existence d’un nouveau monde qui va bouleverser son quotidien. J’espère pouvoir le présenter en maison d’édition à la fin de l’été.
J’ai également dans l’idée de constituer prochainement un nouveau recueil de rencontres, ayant quelques nouvelles en cours, mais encore rien de précis, portant sur l’évolution de soi au fil de la vie.
Quel(s) conseil(s) donneriez-vous à nos lecteurs rêvant de devenir écrivain ?
Si vous voulez écrire, écrivez, il y aura toujours quelqu’un pour vous lire. Et si vous doutez de vous, dites-vous que vous n’êtes pas les seuls.
Que diriez-vous à vos lecteurs et peut-être futurs lecteurs ?
Un grand merci ! Rien ne me fait plus plaisir que de me savoir lue. Je n’ai pas les mots pour exprimer la joie que cela me procure. J’espère que vous avez pris et prendrez autant de plaisir à me lire que j’ai eu à écrire ce petit recueil de rencontres.
Essayons de mieux vous connaître en piochant dans le questionnaire de Proust.
Quelle est la qualité que vous préférez chez une femme ?
La débrouillardise. Peut-être parce qu’il s’agit généralement d’une qualité d’homme.
Et chez un homme ?
À l’inverse, je dirai la délicatesse.
Votre principal défaut ?
Toujours voir le verre à moitié vide, les choses à moitié commencées et la journée à moitié finie. On me le reproche souvent, même si je ne l’avais jamais remarqué de moi-même.
Votre rêve de bonheur ?
Ne plus être allergique aux chats !! (Il paraît que les traitements avancent, il faut y croire !)
Vos héros dans la vie réelle ?
Je ne pense pas en avoir de particulier. J’admire les gens qui se battent pour ce qui leur tient à cœur.
Qu’aimez-vous lire ?
J’ai longtemps lu exclusivement de la fantasy, mais je préfère désormais les livres moins épais qui traitent de la société et des gens.
Un auteur fétiche ?
Marguerite Duras et Amélie Nothomb, pour leurs styles percutants.
Un livre de chevet ?
L’élégance du hérisson de Muriel Barbery, avec lequel j’enrichis mon vocabulaire à chaque lecture.
Connaissez-vous le Canada ?
Sur une carte, à peu près. Mais j’adorerais y aller. Si un train Paris-Montréal existait, je pense que j’aurais déjà entrepris le périple !