Vampyr - Tome 1 : romance bit-lit signée CANLJ

Résumé : Quand Elena Varzin et Billie Lucre sont contactées pour un héritage, elles acceptent toutes les deux de se rendre dans l’état du Montana pour répondre aux exigences des familles Chiron et Diancecht. Sur place, elles sont conduites jusqu’à un manoir lugubre et inquiétant. À l’extérieur comme à l’intérieur, le temps a suspendu son cours les siècles derniers. Elles devront y passer quelques jours avant de s’acclimater à l’étrange atmosphère qui règne ici. Ensemble, elles devront en découdre avec les passés mystérieux de ces familles qu’elles ne connaissent pas.
Le manoir sera-t-il le seul patrimoine que les familles veulent transmettre à Billie et Elena ? Rien n’est moins sûr.

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EXTRAIT 1

Malgré son humeur qui étend sur l’atmosphère un voile qui me défend d’ouvrir la bouche, je tente avec naturel :
— Tu as fait bon voyage ?
Le chauffeur prend place et ferme la vitre qui nous sépare de lui. Nous attendons encore quelques instants puis la voiture démarre et nous quittons l’aéroport.
Elena répond finalement après avoir pris une longue inspiration, sur un ton plus conciliant :
— Ça a été long et toi ?
— Non, à peine deux heures. Tu bosses toujours au bar à San Francisco ?
Je me tourne vers elle avec sourire un brin arrogant lorsque je la vois faire une moue. Quand je lui parlais, au club, et que des clients venaient nous interrompre, elle faisait souvent ça. C’est la marque que quelque chose l’irrite.
Avec agacement, elle me lance :
— Tu le saurais si tu t’étais donné la peine de passer.
Je souris d’autant plus avant de lui demander :
— Je t’ai manqué, tigresse ?
Elena oriente son regard vers le mien et m’observe une longue seconde. Ses yeux bifurquent sur ma bouche avant qu’elle ne détourne le visage.
Un brin taquine, elle laisse entendre :
— Tu n’as aucune raison d’être aussi imbue de ta personne.
— Aucune, tu es sûre ? Il me semblait pourtant que tu avais apprécié nos quelques moments, Elena.

EXTRAIT 2

— Personne ne s’est jamais opposé à elle ? questionne Blu.

— L’organisation des familles est matriarcale. En tant que représentante de la lignée Chiron, ce sont ses paroles qui sont respectées. Leusius est plus clément. Il veille aux intérêts de tous. Cela dit, lui-même ne saurait objecter face au pouvoir de son épouse.

Stasia manipule un nouveau plant de rosier. Ses mains s’en occupent avec soin. Je me surprends à aimer la regarder faire, jusqu’à ce que, dans la manœuvre, elle se griffe l’avant-bras avec les épines. Mes yeux ne manquent pas de s’être fixés sur le fluide rouge. Quelques gouttes de sang apparaissent à la surface blanche de sa peau. Mon corps se raidit aussitôt, ce qui n’échappe à personne. Je joue nerveusement de mes doigts contre mes paumes. L’odeur de son hémoglobine me parvient instantanément. C’est incroyable à quel point j’y suis sensible. Celui de Stasia a quelque chose de particulier et attirant. Son sang a un effluve similaire à celle de Blu, mais avec une touche d’ancienneté enivrante. J’ai honte, mais mon nouvel instinct prend le dessus et me rend curieuse.

Avant que je ne m’en rende compte, je suis face à Stasia. Je viens juste de penser à l’envie de me déplacer que c’est chose faite. Ces capacités sont déroutantes. Face-à-face, la Vampyr m’observe droit dans les yeux, sans trahir la moindre inquiétude. Sa prestance brise ma motivation. Et quelle motivation ? Celle de la goûter ? De me nourrir d’elle ? Qu’est-ce qui m’arrive ? Je déglutis. Ma gorge brûle comme jamais auparavant.

Je fais un pas en arrière avec effort en déclarant :

— J’ai besoin de prendre l’air.

J’essaie de m’éloigner, mais chaque action est une torture pour mes instincts. Ma mâchoire se referme durement. Une boule de feu semble remplir mon estomac. Je n’aurais pas cru qu’on puisse avoir autant envie de mordre l’un des nôtres. Je concentre mon attention sur les pétales blancs des plantes sur mon chemin.

Avant que je n’aie franchi les portes de la serre, Anastasia m’interpelle sans crainte :

— Tu n’es pas censée avoir cette réaction, Elena. Mon sang ne devrait pas t’attirer autant. C’est une action blasphématoire aux yeux d’un Vampyr de Sang Bleu.

Dos à elle, près de la sortie, je m’excuse une nouvelle fois.

— Pardonne-moi, je ne voulais pas t’offenser.

Je ne parviens même pas à l’observer. Est-ce que je suis en train d’avoir peur de moi-même ? Assurément. Je ne maîtrise pas ce qui m’arrive. Par le passé, dans mon existence purement humaine, il m’arrivait de craindre de dépasser mes limites. Mais alors, ça ne concernait dans le pire des cas qu’un éveil dans un lieu inconnu parce que j’aurais bu un verre de trop. Ici, il est question de vie ou de mort. Suis-je capable de perdre les pédales pour cette nouvelle nature ? La réponse qui résonne dans mon cerveau est un « oui », sans hésitation.

Les portes de la serre s’abattent dans mon dos tandis que j’ai à l’esprit une vision délicieuse et cauchemardesque de mes canines s’enfonçant dans le cou tendre de Stasia.