"A l'ombre du clocher", amour saphique et religion
Un couvent ? Des religieuses lesbiennes ?… Des relations pas très catholiques et l’expression « atteindre le septième ciel » prend une tout autre signification.
Dès lors, comme le chaos, l’univers de Clothilde et Aliénor bascule. Entre foi et désir, comment s’en sortir ? Dieu lui-même n’a pas la réponse !
Résumé : Un couvent, une abbaye plus exactement, une communauté de religieuses. Soeur Clothilde, trente ans, religieuse confirmée, y vit depuis dix ans. Le couvent accueille des novices, de jeunes femmes qui décident d’offrir leur vie à Dieu. Après un entretien d’admission, elles peuvent intégrer l’abbaye pour y suivre leur formation.
C’est le cas d’Aliénor, vingt-deux ans, qui fait son entrée pour devenir religieuse à son tour. L’arrivée d’Aliénor va bouleverser sœur Clothilde, elle qui a pris le voile pour fuir le démon qui l’habite, son attirance pour les femmes. Quand le désir charnel, péché originel vous tombe dessus dans une religion qui bannit toute attirance sexuelle, quelle conduite adopter ? Faut-il renoncer à la foi pour s’assumer soi, ou au contraire, renoncer à soi au profit de la foi ?
Découvrez un extrait de "A l'ombre du clocher" ci-dessous
Comme à son habitude, sœur Clothilde se tenait à la porte de l’église, point stratégique pour assister à l’arrivée des sœurs pour l’office des vêpres. Elle les regarda passer en souriant. Elle ressentait sa chance de vivre à l’abbaye et de laisser les jours s’écouler de façon apaisée et sereine.
Elle s’apprêta à fermer la porte derrière elles avant de réaliser qu’elle n’avait pas croisé un visage familier.
— Encore Aliénor ! énonça-t-elle rapidement.
Elle observa mieux toutes les religieuses présentes dans l’église pour s’assurer de son impression. Son regard croisa celui de Sofia qui, l’apercevant, ouvrit les bras et haussa les épaules de façon à signifier qu’elle ignorait où se trouvait son amie.
Sœur Clothilde soupira. Cette fois, une discussion sérieuse avec cette pré-novice devrait s’imposer car il ne s’agissait pas d’un épisode isolé. La religieuse n’envisageait pas ce temps avec plaisir. Ses missions envers les novices l’amenaient à agir avec neutralité mais avec une certaine fermeté. Sœur Clothilde s’en acquittait plutôt bien en général. Or, s’agissant d’Aliénor, elle se montrait plus clémente, ce qui s’expliquait sans doute par leur faible différence d’âge ou encore par des similitudes dans leur passé. Contrariée, sœur Clothilde s’engagea à recadrer fermement la novice après l’office.
Les minutes s’égrenèrent au rythme des sermons, psaumes et autres chants de la communauté religieuse. Or, Aliénor manquait toujours à l’appel.
Sœur Clothilde céda à l’inquiétude.
–– Que se passe-t-il ? Où donc peut-elle bien se trouver ?
L’idée d’interroger Sofia lui traversa l’esprit mais la jeune religieuse lui avait déjà signifié son ignorance. Son inquiétude grandit. Il se déroulait forcément autre chose. Chaque pré-novice connaissait les horaires des offices liturgiques et il leur appartenait de se donner les moyens de les honorer.
Or, malgré ses retards, Aliénor finissait toujours par arriver. Mais pas cette fois. Trop absorbée par le sort de la jeune femme, sœur Clothilde ne fut plus disponible pour l’office. Elle s’adressa discrètement à l’abbesse.
— Il manque une novice…, Aliénor, plus exactement.
— Hum, cette jeune femme est régulièrement en retard, il me semble, non ?
— Oui, c’est vrai, mais jamais autant et elle finit toujours par arriver.
— Je comprends, et donc, que souhaitez-vous faire ?
— Je propose de partir à sa recherche.
— Je veux bien, mais vous avez l’intention de faire le tour de toute l’abbaye ? Cela peut prendre du temps.
— Non, je pense qu’elle se trouve à l’extérieur.
— Comment ça ?
— On en a échangé une fois. Je sais qu’Aliénor prend plaisir à se rendre au pied du chêne séculaire. Vous savez, celui qui marque la frontière de notre domaine.
— Oh ! C’est plutôt sérieux alors. Très bien, allez-y ! D’ailleurs, n’y allez pas seule. Faites-vous accompagner par quelques religieuses. Elles pourront vous prêter main-forte en cas de besoin.
— Merci, j’y vais tout de suite.
— J’espère qu’il ne lui est rien arrivé de fâcheux !
–– Je le souhaite aussi.
— Cependant, je tiens à ce que vous ayez une discussion sérieuse avec cette écervelée à son retour !
— Je m’y engage, soyez-en persuadée !
Oscillant entre colère contre Aliénor et inquiétude grandissante, sœur Clothilde tenta de calmer les battements de son cœur qui menaçait de quitter sa poitrine. Elle devait agir et vite s’il s’avérait que la novice courait un danger quelconque. Elle chassa cette idée de son esprit mais trop tard ! L’éventualité d’un événement fâcheux s’insinua et s’installa dans son cerveau puis dans son cœur.
Amour saphique : signification et histoire
L'amour saphique, terme poétique et empreint d'histoire, désigne l'amour romantique et physique entre femmes. Inspiré par la poétesse grecque Sappho de Lesbos, qui écrivait avec passion sur l'amour entre femmes dans ses poèmes, ce terme évoque une connexion profonde, souvent exprimée à travers une affection intense et une attirance mutuelle. La signification de l'amour saphique transcende la simple orientation sexuelle pour toucher à l'expression d'une sensibilité et d'une complicité uniques, où les émotions et les désirs féminins se rencontrent et se célèbrent dans leur forme la plus pure.
Dans la culture contemporaine, l'amour saphique est célébré comme une forme d'amour authentique et légitime, brisant les tabous et les stéréotypes historiques. Il représente non seulement la liberté d'aimer au-delà des frontières de genre, mais aussi la reconnaissance de la diversité des expressions de l'amour et du désir. La signification de l'amour saphique s'est enrichie au fil du temps, intégrant des dimensions de lutte pour l'égalité, de visibilité et d'acceptation au sein de la société. C'est un symbole de la diversité de l'amour humain et de la lutte continue pour l'acceptation et la célébration de toutes les formes d'amour.
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C'est une histoire qui nous fait réfléchir sur plein la religion, l'identité, et comment on gère nos sentiments les plus profonds.
C'est le genre d'histoire qui ouvre des débats et on en parle pas assez des lesbiennes dans la religion, et il est temps de mettre ces sujets sur la table. Alors merci à l'autrice pour ce livre.