(2018) L'Héritage de sang



que je tairai ici!

"À la lumière des lampes, Cheyenne pouvait enfin distinguer ses traits fins et délicats, ses cils longs et ses paupières ombrées qui mettaient en valeur son regard anthracite. Elle avait les cheveux aussi noirs que les siens, mis en valeur par une coupe courte et féminine. Sa bouche superbement dessinée, recouverte d’un rouge foncé et pailleté, aurait donné des idées à plus d’un. Malgré elle, elle s’attarda sur ces lèvres, humectant les siennes sans s’en rendre compte. Une chaleur oubliée depuis quelque temps s’insinua au creux de son ventre.

— Vous ne vous mettez pas à l’aise ?

Chey réalisa alors qu’elle était à ce point sous le charme qu’elle était encore engoncée dans ses vêtements de pluie. Elle leva la main vers son foulard, mais celle de l’inconnue l’arrêta, se posant sur la sienne.

— Laisse-moi faire…

Ce tutoiement… Cette voix empreinte d’une gravité douce et appelant au désir… De nouveau comme paralysée, elle ne put que se laisser aller lorsque son interlocutrice libéra ses cheveux, allant jusqu’à ôter le nœud qui les retenait.

— Ils sont magnifiques ! Tels que je me les imaginais…

Elle lui ôta son trench-coat et après une brève hésitation, ses lunettes. L’inconnue s’humecta les lèvres à son tour, le souffle plus court, comme fascinée par ce regard d’un vert si intense et à la fois si innocent en apparence. Sa voix se fit un peu plus rauque quand elle ajouta.

— Tu dois avoir chaud avec ce pull…

En effet, Cheyenne avait chaud, mais ce n’était pas dû la température de la pièce. Elle ne réagit pas quand la jeune femme le lui ôta avec lenteur, dévoilant un haut sans manche noir et presque transparent. Tellement en contradiction avec l’apparence que se donnait volontairement Chey la plupart du temps. L’inconnue laissa échapper un sourire spontané.

— Vraiment très, très joli…

Le cœur de Cheyenne battait à tout rompre et elle se sentait de plus en plus sous l’emprise étrange de cette femme dont elle ne connaissait rien. Elle fit un effort quasi surhumain sur elle-même pour se sortir de sa torpeur et repoussa la main qui, à présent, caressait son visage béat.

— Stop ! Ça suffit  ! On ne se connaît pas depuis dix minutes et… Je ne connais même pas ton prénom… Et ce pouvoir que tu as sur moi … ! Tout ça est… étrange… Et…"