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Digressions : l’audiobook, on l'écoute ou on le lit ?

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il y a 1 an 8 mois - il y a 1 an 8 mois #200 par Olin
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Quand j’étais enfant, j’adorais écouter des histoires sur mon mange-disque1. J’allais me mettre dans un coin, au calme et j’écoutais avec délectation, la voix qui m’emmenait au pays des histoires. Et maintenant que je suis autrice, j’avoue que j’adorerais que mes livres soient lus, écoutés. J’imagine la voix que prendrait la comédienne pour incarner Allen dans l’Acidité des Airelles2, ce mélange d’assurance et de vulnérabilité. Ou celle du Chat botté3, ironique et pinçante ! Mais arrêtons de rêver !Je suis une grande lectrice et il y a des situations où j’aurais le temps de lire si je pouvais : dans la voiture, pendant que je cuisine, quand je fais du sport etc. J’ai donc essayé l’audiobook. 
 J’ai choisi un livre que je connaissais et que j’adore, pour être sûre de mettre toutes les chances de mon côté. Je me suis allongée dans mon canapé et j’ai écouté. Au bout de 5 minutes, j’ai perdu le fil. Je tente autre chose : j’essaie de cuisiner. Je me mets à faire une pâte à crêpes (c’est simple, c’est court, ça me semble parfait !) C’est une activité qui, d'une façon générale, ne me passionne guère. C’est pourtant cette activité qui a pris l’ascendant sur l’audiobook ! Aucune idée de ce que j’écoute ! Pas moyen ! Pourtant, la comédienne qui lit le livre a une voix suave et agréable. Sa lecture est parfaite et loin d’être monotone ! Je ne sais pas pourquoi je n’arrive pas à me concentrer !
Avec un livre, je peux revenir en arrière facilement lorsque mon esprit se met à divaguer, lire une deuxième fois la même phrase car j’ai apprécié sa musicalité. Revenir en arrière sur un audiobook n’est pas très simple ! 

 Quand je pense que les premières cultures étaient des cultures orales. Avant l’écriture, l’imprimerie, la culture est transmise oralement!
Je sais donc que l’on peut apprendre en écoutant. J’imagine que je n’aurais pas été une très bonne élève !
Mais un audiobook, ce n’est pas un humain qui parle avec des gestes, s’interrompt, écrit au tableau ou brandit un ipad. Je suppose que c’est différent… Et d’ailleurs, lire n’est pas forcément apprendre… Mais je digresse…

 Donc l’audiobook ne me permet pas de “partir”, comme lorsque je déchiffre les mots, observant les allitérations, les assonances, savourant l’action d’un personnage, baillant quand il baille (ne me demandez pas pourquoi !), voyageant avec lui, oubliant les bruits autour de moi, les mouvements et ratant mon arrêt de tram sans comprendre comment le trajet a été si rapide !Difficile de trouver des études scientifiques qui ne disent pas tout et son contraire ou qui n’ont pas de biais… J’ai quand même appris quelque chose de tous ces scientifiques : quelque chose que j’ai déjà expérimenté mais jamais trop réalisé : lorsqu’on lit, l'œil fait des retours sur les mots précédents ou les mots suivants pour vérifier, pour aider à la compréhension ou pour combler l’inattention momentanée du cerveau.
 Lorsque je lis un livre, je sens son odeur, je tourne des pages, j’ai la sensation du papier sur mes doigts. Le poids du livre fatigue mes bras, je change de position mais je ne perds pas forcément ma concentration. Est-ce que l’objet fixerait mon attention ? Ou bien suis-je tout simplement habituée à lire ? 
Faudrait-il que j’insiste pour être autant à l’aise lorsque j’écoute que lorsque je lis ? … J’ai passé tout le temps de mes études à apprendre en lisant (pas d’internet à cette époque). Je lis vite, je déchiffre vite. Je fais tout cela sans effort. Mais en réfléchissant, lorsque j’écoute un audiobook, les mots se forment dans mon esprit. Je déchiffre en quelque sorte. J’analyse la tessiture de la voix qui me raconte une histoire et je m’habitue à ses intonations…Et ça me déconcentre. Je dois revenir en arrière. J’écoute à nouveau. Pour rester attentive, je dois “écrire” les mots dans mon esprit et m’y accrocher. Et ça me fatigue ! Je suppose qu’il faudrait que j’insiste… 

 Soyons honnête, tant qu’il n’y aura pas d’audiobook lesbien sympa en français de disponible en audio, ce n’est pas demain la veille que je vais faire cet effort !
Et vous ? Vous lisez ou vous écoutez des audiobooks ? Et ça se passe comment pour vous ?


Sources :
Listening to a book instead of reading isnt cheating
audiobooks-reading-books/
Is listening to an audiobook cheating

1. Le mange-disque est comme un grille-pain : après insertion dans la fente adéquate, le disque (45 tours) est lu automatiquement par l'appareil.
2. L’acidité des Airelles, 2022, Homoromance Editions
3. Le marquis de Carabas et son chat botté, 2020, Homoromance Editions
Dernière édition: il y a 1 an 8 mois par Olin.
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il y a 1 an 7 mois #205 par Ellen
Il m'est arrivé d'écouter des audiobooks (d'ailleurs le premier a été l'Apocalypse  de la Bible...) si la voix du narrateur était douce, grave, posée, bref, envoûtante. C'est comme pour la lecture, si la voix ne porte aucune émotion, alors je n'accroche pas.

Dis-moi Olin, as-tu déjà pensé à lire ou faire lire un de tes romans pour en faire un audiobook ?
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il y a 1 an 7 mois #206 par Abby
Tout comme toi, j'écoutais avec passion les histoires sur vinyle quand j'étais enfant et même adolescente. Lorsque je cuisine ou fais des activités domestiques qui n'exigent pas beaucoup de concentration j'écoute la musique ou regarde des vidéos d'un œil. J'en ai acquis des audio-book en polonais des livres que je me suis promise de lire un jour. J'ai du mal à passer le cap pour la même raison que toi. Je risque de déconnecter rapidement. Quand je lis je reviens parfois en arrière. Je me délecte des tournures des phrases en français. J'admire la fluidité des plumes, les joutes verbales des dialogues. Avec les audiobook ce serait impossible. Peut-être quand on est enfant notre imagination est différente et se nourrit des aspects différents de l'histoire. Probablement quand on était petites le langage passait au second plan…
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il y a 1 an 6 mois #214 par Olin
Peut-être est-on plus disponible intellectuellement pour accueillir la voix puisqu'on déchiffre mal ou pas les lettres...
Ce qui me sidère dans tout cela, c'est que j'adore les voix, les timbres, les inflexions, les accents... 
Dommage que Mulder et Scully ne se soient pas penchés sur la question, car je trouve que c'est quand même très mystérieux :-) 

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il y a 1 an 6 mois #215 par Olin
Oui. Mais l'exercice de lire un livre à voix haute requiert une compétence théâtrale que je n'ai pas. Il y a des gens qui seront des orateurs ou des lecteurs nés, qui ont une voix qui séduit l'oreille ou bien qui savent la poser pour être entendu. Moi, je n'ai rien de tout cela. J'ai quand même fait l'exercice sur le café d'Homoromance. J'ai lu un extrait de l'Acidité des Airelles et ça a été beaucoup de travail ;-) mais j'avoue que j'ai beaucoup aimé ça!

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