La Secte des damnées - Oostergein, lieu de vie et lieu de culte

Origine du mot
Oostergein est le nom du village imaginaire de mon roman La Secte des damnées. La sonorité fait référence aux noms flamands que l'on peut entendre ci-et-là en se baladant dans ce beau pays qu'est la Belgique. Le mot en lui-même n'a aucune espèce de signification. 

Inspiration
Le lieu me vient d'un endroit, dans mon village, où vivent et se réunissent une communauté religieuse dans laquelle est née et a grandi ma compagne. Ce sont des parfaits citoyens, gentils, aimables, mais qui préfèrent vivre entre eux et qui n'aiment pas qu'on se mêle de leurs affaires. Toute la famille de ma moitié continue d'y vivre et revendique leur foi avec ferveur. Ils restent néanmoins très discrets à ce sujet. Nous n'avons plus aucun contact avec eux à ce jour. 

Irène et Roxane
Le parcours des deux amoureuses est clairement lié à l'histoire de mon couple. Ma chérie est née et a grandi dans une secte, et toute sa famille depuis ses arrières grands-parents baignent dedans. Oostergein, pour le lieu et l'agencement du village et des maisons, est inspiré d'eux pour ce côté-là. Pour ma part, j'ai vécu trois ans dans une secte tout autre, à l'étranger, plus violente et moins socialement normée. C'est elle qui m'a donné les idées pour les aspects plus dogmatiques et rituels du roman : les mariages obligatoires entre fidèles, une éducation stricte basée sur des déformations bibliques, un leadership fort mené par un gourou charismatique, un système hiérarchique reposant sur népotisme et délation, etc. Il y aurait encore beaucoup de choses à dire là-dessus, mais les aborder toutes aurait été un peu compliqué dans un seul roman.
En clair, Irène et Roxane représentent donc un peu de ma compagne, comme un peu de moi-même. Il est malheureusement toujours difficile pour moi d'en parler sans tomber dans l'énervement ou l'émotion. 

Symbolisme
Oostergein est un passage, un lieu de transit, comme une sorte de purgatoire où l'homme peut se perdre s'il ne se trouve pas lui-même. Le temps est long, la météo décourageante et l'environnement campagnard clôture l'espace pour étouffer ceux qui y vivent et souhaitent partir. Quitter son village n'est pas une chose aisée. On pourrait se dire qu'il est facile de prendre le premier bus ou train pour foutre le camp d'un endroit aussi malheureux qu'Oostergein, mais quand le malheur est la seule chose que vous n'ayez jamais connu, il est quasiment impossible de faire ce premier pas. Partir, oui, mais pour aller où ? Chez qui ? Vers quoi ? Pourquoi ? 
Oostergein ralentit l'évolution des personnages. Irène se voit dépérir, devenir vieille avant l'heure. Roxane s'ennuie, connaît tout le monde, et envie ses soeurs parties vivre à la capitale. Que réserve l'avenir à deux jeunes filles qui souffrent autant de solitude ? 
Les habitants sont les gardiens de ce purgatoire, qui peut très vite se transformer en enfer lors du choix fatidique : rester, et accepter le destin que d'autres ont tracé d'avance, ou alors s'enfuir, dans une quête d'émancipation vers l'inconnu. Pour ceux qui ont connu pareil dilemme, la réponse n'est jamais celle que l'on pense la plus évidente. En effet, partir signifie à la fois tout perdre, comme tout reconstruire, et de cela, peu de personnes sont prêtes à franchir le cap.

Sectarisme et communautarisme
Ces deux thèmes ont traversé ma vie et continuent aujourd'hui encore d'hanter mes nuits. Je suis en partie engagée dans cette cause grâce à mon métier qui m'offre la possibilité de pouvoir parler de religion à un jeune public, et ces questions reviennent régulièrement sur le tapis. Notre société actuelle n'est pas parfaite, et de nombreux trous existent notamment au niveau de la loi pour protéger les personnes victimes d'abus de faiblesse. Certaines associations les combattent du mieux qu'elles peuvent, mais rien n'y fait : la prévention reste le meilleur moyen d'alerter les jeunes (et les moins jeunes) sur les possibles dérives sectaires que peuvent se prévaloir certaines communautés religieuses : viols sous emprise, détournements de mineurs, rupture avec l'environnement d'origine, exhortations financières, déstabilisation mentale, travail dissimulé, dévoiement de la liberté de penser, et j'en passe. En bref, tout ce que l'on cache derrière ces jolis termes de "lavage de cerveau".

Oostergein
Si Oostergein est un purgatoire, alors le quitter devient le but absolu recherché par les deux protagonistes. Pour cela, de nombreux obstacles traversent leur chemin, et elles restent sans certitude aucune que leur rêve puisse un jour se réaliser. 


Alors, une petite visite au village vous tente-t-elle ? 

Un article très intéressant, merci pour toutes ces précisions !

votre histoire personnelle ,et ce que vous avez vécue,ainsi que votre compagne me touche beaucoup, et en ayant lue votre roman magnifique,j'ai compris que c'est un peu de   votre histoire personnelle que vous avez raconté.
merçi.